Ensemble pour une deuxième république

Conquête de l’Algérie 15 mars 1843

Officier durant la conquête de l’Algérie, le lieutenant-colonel de Montagnac écrit à Philippeville le 15 mars 1843 : « Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge, ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoiqu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. (…) Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens ».
Source : Lettres d’un soldat par le lieutenant-colonel de Montagnac, Plon éd., Paris, 1885, réédité par Christian Destremeau, 1998.

24 avril, 2011 à 16:59 | Commentaires (0) | Permalien


La reconquête de l’Afrique

Au moment même où le président démocrate Barack Obama réaffirmait dans son discours inaugural que les États-Unis, « source d’espoir pour les pauvres, soutiennent la démocratie en Afrique », de gigantesques avions étasuniens C-17 transportaient des troupes françaises au Mali, où Washington a installé au pouvoir l’an dernier le capitaine Sanogo, entraîné aux USA par le Pentagone et par la CIA, en aiguisant les conflits internes.

La rapidité avec laquelle a été lancée l’opération, officiellement pour protéger le Mali de l’avancée des rebelles islamistes, démontre que celle-ci avait été planifiée depuis longtemps par le socialiste François Hollande. La collaboration immédiate des États-Unis et de l’Union européenne, qui a décidé d’envoyer au Mali des spécialistes de la guerre avec des fonctions d’entraînement et de commandement, démontre que l’opération avait été planifiée conjointement à Washington, Paris, Londres et dans d’autres capitales.

Les puissances occidentales, dont les groupes multinationaux rivalisent entre eux pour s’accaparer les marchés et les sources de matières premières, se compactent quand leurs intérêts communs sont en jeu. Comme ceux qui en Afrique sont mis en péril par les soulèvements populaires et par la concurrence chinoise.

Le Mali, un des pays les plus pauvres du monde (avec un revenu moyen par habitant 60 fois inférieur à celui des Italiens, et plus de la moitié de sa population sous le seuil de pauvreté), est très riche en matières premières : il exporte de l’or et du coltan, dont les gains finissent cependant dans les poches des multinationales et de l’élite locale.

Pareil au Niger voisin, encore plus pauvre (avec un revenu par habitant 100 fois inférieur à l’italien) bien qu’il soit un des pays les plus riches en uranium, dont l’extraction et l’exportation est aux mains de la multinationale française Areva. Ce n’est pas un hasard si Paris, en même temps que l’opération au Mali, a envoyé des forces spéciales au Niger.

Situation analogue au Tchad, dont les riches gisements pétrolifères sont exploités par l’étasunienne Exxon Mobil et d’autres multinationales (mais des compagnies chinoises sont aussi en train d’arriver) : ce qui reste des profits va dans la poche des élites locales. Pour avoir critiqué ce mécanisme, l’évêque combonien [ordre religieux missionnaire italien, NdT] Michele Russo avait été expulsé du Tchad en octobre dernier.

Niger et Tchad fournissent aussi des milliers de soldats, qui, sous commandement français, sont envoyés au Mali pour ouvrir un deuxième front. Ce qui a été lancé au Mali, avec la force française comme fer de lance, est donc une opération de vaste envergure, qui du Sahel s’étend à l’Afrique occidentale et orientale. Elle se soude à celle qui a commencé en Afrique du Nord avec la destruction de l’État libyen et les manœuvres pour étouffer, en Égypte et ailleurs, les rebellions populaires.

Une opération à long terme, qui fait partie du plan stratégique visant à mettre la totalité du continent sous le contrôle militaire des « grandes démocraties », qui reviennent en Afrique avec un casque colonial peint aux couleurs de la paix.

Manlio Dinucci
30 janvier, 2013 à 0:06 | Commentaires (0) | Permalien


La Coordination nationale pour le changement et la démocratie, CNCD-partis politiques, réclame le départ du président Abdelaziz Bouteflika. En vertu de l’article 88 de la Constitution, qui stipule que si le chef de l’Etat n’est pas en mesure d’assurer son mandat, il doit être démis de ses fonctions, selon la CNCD.

La Coordination nationale pour le changement et la démocratie, CNCD-partis politiques, réclame le départ du président Abdelaziz Bouteflika. En vertu de l’article 88 de la Constitution, qui stipule que si le chef de l’Etat n’est pas en mesure d’assurer son mandat, il doit être démis de ses fonctions, selon la CNCD.

«  Lors de son discours, le président a donné une image pathétique d’une personne usée par la maladie, incapable d’assurer sa fonction. L’article 88 est peut-être la solution », a affirmé Ali Yahia Abdennour, président d’honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), lors d’une conférence de presse tenue ce dimanche 24 avril à Alger. « Le départ du président est un impératif absolu », a-t-il martelé. Il a clairement interpellé l’armée, « qui a ramené le président » en 1999, sur ce sujet. « Si le président de la République est reconnu comme ne pouvant pas assurer ses fonctions, ce sera à l’armée de prendre sa responsabilité », a-t-il dit.

Revenant sur la mort suspecte d’Ahmed Kerroumi, militant de la Coordination à Oran, la CNCD-partis politiques, a été sans appel. Pour elle, Ahmed Kerroumi, a été la victime d’un assassinat politique. « Nous savons qu’il s’agit d’un assassinat et pas d’une crise cardiaque. Pourquoi l’a-t-on mis à l’intérieur du siège d’un parti politique (le MDS, ndlr), si ce n’est pour discréditer les partis politiques? Cela ne peut être rien d’autre », s’est ainsi indigné Aouicha Bekhti, membre du PLD (Parti pour la laïcité et la démocratie). « Mais nous ne reculerons pas devant les intimidations », a-t-elle assuré.

Au cours de cette conférence de presse, la CNCD a présenté une nouvelle fois sa « plateforme pour le changement démocratique ». « Le changement du système politique est inévitable », a répété Ali Yahia Abdennour. « Le président de la République a dépouillé le peuple de ses droits, faisant naître un besoin de justice, de démocratie et de droits de l’homme », a-t-il ajouté.

Les participants, maître Ali Yahia, Aouicha Bekhti, Tahar Besbes du RCD et Fadhila Chitour, militante des droits des femmes, ont dénoncé à tour de rôle la corruption, la « médiocrité » du fonctionnement de l’administration, « l’absence de confiance du peuple dans les institutions politiques » et un pouvoir judiciaire « aux ordres ». La CNCD reste persuadée, malgré la faible mobilisation de ses marches du samedi, que « le changement se fera par la rue » selon les mots d’Ali Yahia Abdennour. Selon les intervenants, les différents mouvements de protestation qui agitent le pays depuis le début de l’année sont politiques et pas seulement sociaux. « Tôt ou tard, la fusion de tous ces mouvements se fera. Le pouvoir est en train de jouer l’essoufflement, nous nous jouons la durée », a affirmé Ali Yahia Abdennour.

http://www.tsa-algerie.com/politique/la-cncd-appelle-a-invoquer-l-article-88-de-la-constitution-contre-bouteflika_15342.html

 Ce qui est bizzare dans cette revendication, c’est un appel  au changement de tête et de système, on se demande quelle est la différence entre bouteflika où un autre tant que c’est l’armée qui désigne les gouverneurs chez. On n’entend pas sadi et sa cabale appeler au changement du régime, ils ne parlent  jamais de lancer une enquête contre la corruption qui ronge le pays ni la question des diparus et des crimes politiques. Sadi recoit toujours ses ordre de son mentor Toufik, il ne peut contester la mise à plat du régime de cette junte, de plus sa stratégie pro-occidentaliste qui servent les intérêts des lobbysites qui ravagent les pays et instalent des dictateurs et réduisent les populations à l’esclavage.

Un changement venant de ce pitre n’est pas le bienvenu en Algérie, car changer pour perdre toute notre indépendance n’est pas notre idéal, nous cherchons plutôt un changement de ce régime pour un régime constitutionnel et parlementaire, pas celui du systéme présidentiel tel que laissé par les Français et qui prouve de en plus son inéfficacité et le manque de réprésentativité, l’absence de la voix du peuple…

 

 

24 avril, 2011 à 17:21 | Commentaires (0) | Permalien


L’identité et le système éducatif : Les grands oubliés du discours du Président Bouteflika

«Observons les nations développées: en quoi nous ont-elles dépassé? Elles nous dépassent par la connaissance.»
Mohamed Boudiaf 

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Le dernier discours de Monsieur le Président m’a donné l’impression d’un goût d’inachevé. Deux dimensions importantes ont été omises. Il s’agit, d’abord, de la nécessité de réconcilier le peuple algérien avec son identité au moment où l’Algérie se devait de célébrer le trente et unième anniversaire du Printemps amazigh dans une vision oecuménique tant il est vrai qu’une identité assumée dans ses multiples dimensions est notre plus sûre défense immunitaire contre l’anomie du monde. Que l’on ne s’y trompe pas !  Le pays va mal, la vague contestataire, quoique généralisée, ne dépasse pas pour le moment le seuil d’une contestation à caractère social. Grâce à la généreuse manne pétrolière, le pouvoir peut l’éteindre facilement. Mais l’absence de courroies de transmission démocratiques entre l’Etat et la société est annonciatrice de perspectives dangereuses pour la paix civile. 

Face à l’impuissance d’un syndicat national dépassé et discrédité en raison de son inféodation au pouvoir, l’intransigeance de syndicats autonomes qui se développent rapidement n’est pas toujours un facteur de progrès comme on peut l’espérer tant l’impatience et l’inexpérience peuvent aisément prêter le flanc à des manipulations politiciennes et «diplomatiques» douteuses. De son côté, le radicalisme d’une jeunesse désespérée et dépolitisée est utilisé par les lobbies de la rente dans leur chantage quotidien contre toute tentative d’encadrement juridique et administratif d’une économie informelle qui brasse des milliards comme on l’a vu lors des émeutes de janvier dernier. 

Les dynamiques mondiales souterraines font de l’errance identitaire leur fonds de commerce. Un exemple,? Personne ne savait qu’il y avait quarante tribus en Libye, que la tribu dominante est celle des Kadafa et que
la Libye n’est pas un Etat au sens occidental du terme. En clair, la partition inexorable ne changerait rien. Il nous a fallu quarante ans pour le découvrir
Qui empêcherait les officines occidentales de réfléchir à cela, s’agissant de l’Algérie? D’autant que subitement, l’Occident découvre que dans les pays arabes il y a des peuples qui aspirent à la liberté. C’est le sens à titre d’exemple, du conclave au ministère français des Affaires étrangères où nous avons vu Alain Juppé faire, à peu de frais, le mea culpa de
la France pour avoir soutenu les dictateurs contre leurs peuples. 

Ainsi et comme l’écrit Jean-Christophe Ploquin, lors d’un colloque organisé par le ministère des Affaires étrangères à Paris, le chef de la diplomatie française a tendu la main aux mouvements islamistes qui respectent l’Etat de droit, les principes démocratiques et le refus de la violence.
La France veut jeter un regard positif sur le «printemps arabe». Sa diplomatie entend être plus à l’écoute des sociétés qui réclament libertés, dignité et emplois. Elle juge que cette région renoue avec une tradition d’ouverture qui s’était déjà manifestée plusieurs fois à travers l’Histoire. Et elle entend oeuvrer pour soutenir les mouvements démocratiques et peser sur les régimes réfractaires au changement. Telles sont les indications données samedi 16 avril au soir par Alain Juppé, en conclusion d’un colloque d’une journée qui s’est déroulé à l’Institut du Monde arabe à Paris sur ce thème du «printemps arabe». Pour Alain Juppé, en tout cas, le jeu en vaut la chandelle et il est temps d’écrire une nouvelle page. «Trop longtemps, nous avons brandi le prétexte de la menace islamiste pour justifier une certaine complaisance à l’égard de gouvernements qui bafouaient la liberté et freinaient le développement de leur pays», a-t-il déclaré à la fin du colloque. Aujourd’hui, c’est «la flamme de la liberté qui se propage dans toute la région». «Ce printemps arabe ne doit pas nous faire peur, a-t-il poursuivi.(1) 

On l’aura compris, l’Algérie doit se battre. « A l’est, comme l’écrit Isabelle Mandraud du journal Le Monde, une révolution et une guerre. A l’ouest, bousculé par des manifestations, un roi s’engage dans une réforme politique qui, au passage, arrimera solidement, espère-t-il, le Sahara occidental à son royaume. Entre ses remuants voisins tunisien, libyen et marocain, l’Algérie, le plus grand pays du Maghreb, est à l’étroit dans ses frontières. Faisant ses adieux en quittant son poste le 24 mars, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, David Pierce, a averti: «L’Algérie n’est pas immunisée contre les changements.» Les difficultés s’accroissent pour les autorités algériennes, qui tentent de tenir tous les bouts de la chaîne: se prémunir de la «contagion» des mouvements du Monde arabe et apaiser la contestation qui monte de tous côtés sur son propre sol, maintenir des relations de bon voisinage avec des pays devenus instables, surveiller et mettre à l’abri un territoire qui a déjà connu une décennie de violence ». 

Le danger Aqmi 

« Le front libyen constitue aujourd’hui la première source d’inquiétude. L’organisation djihadiste Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), dont les chefs sont algériens, pourrait «accaparer un armement lourd et sophistiqué de nature à mettre en péril la sécurité dans cette région et bien au-delà», a fait valoir, mardi 5 avril, Abdelkader Messahel, ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, en évoquant la situation en Libye. Pour les opposants au régime algérien, l’argument de la sécurité est entaché de soupçons, nourris par les rumeurs sur une aide à Mouamar El Gueddafi qu’Alger s’emploie à démentir. Cernée sur sa droite comme sur sa gauche par des mouvements importants, l’Algérie voit donc augmenter le péril qu’il y aurait pour elle à rester immobile. D’où la levée de l’état d’urgence qui était appliqué depuis dix-huit ans; d’où, aussi, la résurrection d’un vieux débat autour d’une Constituante. Mais ce que montre surtout la nouvelle donne du Maghreb, c’est l’isolement aujourd’hui, sur la scène internationale, de l’Algérie ».(2) 


Ceci est clair, l’Occident va changer de fusil d’épaule, il va jouer les peuples ou, mieux encore, les jeunesses arabes contre leurs gouvernants. Ceci nous amène encore une fois à dire tout notre scepticisme concernant le printemps arabe téléguidé sûrement de l’extérieur. Ces révolutions ou révoltes ont pu s’épanouir à des degrés divers car le terreau était favorable et là encore le discours du Président était en décalage avec la jeunesse. Que l’on interroge le personnel politique des deux bords, on s’aperçoit qu’il y a une complicité objective. Ils apprécient différemment le discours, mais la jeunesse profonde, celle qui représente les trois quarts de la population, n’a pas son mot à dire et ce n’est pas quelques jeunes soigneusement triés pour chanter en coeur qui donneront le pouls de cette jeunesse qui rêve de réussir sa vie, qui veut bien se sentir dans le pays, qui ne veut pas mourir en mer qui, réellement n’a pas de pays de rechange, contrairement à ceux qui quittent le navire quand il est en perdition pour aller vers des cieux plus cléments et qui reviennent ensuite en touristes dire «Il n’y a qu’à…» se prenant pour des messies en face d’un pays convalescent et qui peine à se redéployer. 

Que veulent les satrapes qui, à des degrés divers, ont confisqué la parole, le pouvoir? Continuant un discours de courtisan qui donne la nausée, ils prônent une Algérie installée dans les temps morts, coupée de sa jeunesse et ceci en ameutant le ban et l’arrière-ban pour faire croire grâce à «l’Unique» que tout va bien madame
la Marquise, que tout est sous contrôle et que la rente pourrait durer mille ans pour couvrir leur gabegie. Cruelle erreur! l’Algérie ne va pas bien, elle est attaquée de toute part, et ce printemps arabe, va nous atteindre d’une façon ou d’une autre. 

Le redécoupage du monde doit nécessairement atteindre un domino central: l’Algérie. Supposons que nous sommes dans une situation de chaos! qu’on se le dise, nous sommes partis encore pour un demi-siècle de déstabilisation qui installera définitivement l’Algérie dans les zones grises. Certes, nous aurons un nouveau paysage politique avec un vernis de démocratie de liberté. Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie de nos rêves, celle pour qui la fine fleur de ce pays a été fauchée, appartiendra définitivement à l’Histoire Il me semble que la culpabilité du régime, du fait de sa fragilité, provient du fait que face à la difficulté, on ne sent pas que nous avons en face de nous un Etat stratège qui fait dans la pédagogie et qui a une vue d’ensemble des problèmes. Cette distribution tous azimuts de la rente donne l’impression que le gouvernement, dos au mur, pense gagner du temps et calmer les rues par le démantèlement des règles que nous avons mis cinquante ans à édifier. 

A titre d’exemple, les augmentations des différentes catégories ne rentrent pas dans une grille unique de
la Fonction publique qui donne l’impression que c’est une juxtaposition de statuts particuliers, chacun étant plus particulier que l’autre dans l’opacité la plus totale, chaque corps pensant avoir touché le gros lot. On l’aura compris, face à un gouvernement attaqué à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, et lâchant du lest, les citoyens voient qu’ils peuvent régler leur problème par l’émeute ou par les rassemblements. De plus, ceci est dangereux car il n’est pas demandé de contrepartie. A titre d’exemple, la revalorisation des salaires des enseignants n’a pas boosté l’université. Elle continue sur une cinétique de contemplation des convulsions de la société sans y prendre part, n’étant pas sollicité. Quand on dit que des milliers de diplômés ont quitté le pays, il faut s’interroger pourquoi. Certes, on peut penser que certains ont privilégié leur carrière. Est-ce à dire comme certains journaux l’écrivent, sans savoir que tous ceux qui sont restés au pays sont du bas de gamme? Non! ce n’est pas vrai! Il y a aussi une explication, peut-être que ceux qui sont restés aiment aussi le pays et ont sacrifié leur carrière. 

Ceci m’amène au deuxième oubli du discours de Monsieur le Président: la formation des hommes. Si nous avons réalisé des routes, construit des logements, amené de l’eau, c’est très bien, mais cela ne crée pas de la richesse. Il faut savoir que notre système éducatif est en panne, notre baccalauréat ne permet plus l’ascension sociale, banalisé et, réduit à un ventre mou constitué par les lettres et les sciences naturelles, il a perdu les disciplines mathématiques et physiques dont le pays a cruellement besoin. Les baccalauréats mathématiques techniques et élémentaires ont pratiquement disparu. On ne forme pas un ingénieur justement avec un bac sciences

Justement, à propos de la formation d’ingénieur, il est tragique de constater qu’elle a disparu. Le plan énergie renouvelable, bien qu’incomplet parce qu’il n’est pas adossé à une stratégie énergétique d’ensemble, a besoin de milliers d’ingénieurs et de techniciens
Au moment où en Europe, les perspectives montrent que les futurs emplois seront de plus en plus qualifiés comme nous lisons dans le Rapport publié  par
la Commission européenne qui révèle que les pays de l’UE ont amélioré leurs systèmes d’éducation dans des domaines essentiels au cours des dix dernières années. 

Depuis 2000, l’Union est parvenue à relever de 37% le nombre des diplômés en mathématiques, sciences et technologie, ce qui est largement supérieur à l’objectif de 15% qu’elle s’était fixé. Mme Androulla Vassiliou, commissaire européenne à l’éducation, a déclaré à ce propos: «La bonne nouvelle, c’est que les niveaux d’éducation européens se sont considérablement améliorés. Le nombre de jeunes qui achèvent le second cycle de l’enseignement secondaire ou obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur est plus élevé qu’il y a dix ans.(3) Réhabiliter l’Université 

L’Université algérienne doit réhabiliter la formation d’ingénieurs et de techniciens par milliers. Au lieu de s’acharner sur les Ecoles, il faut les multiplier à l’infini. Le destin du pays qui repose sur ses élites doit se décider en Algérie, nous n’avons pas besoin de tutelle qui doit nous indiquer si nous sommes sur la bonne voie ou si nous devons encore faire des efforts pour arriver à la norme, qui, on l’aura compris, est dictée par l’Occident, notamment paléo-colonial. Il serait tragique que la formation des hommes soit sous-traitée à l’extérieur. J’en appelle clairement à la remise sur rail, avant qu’il ne soit trop tard, de la formation technologique dans le pays, en réhabilitant la discipline des mathématiques, des mathématiques techniques, en revoyant fondamentalement la formation professionnelle, et naturellement en redonnant à la formation d’ingénieurs ses lettres de noblesse. 

Dans la cacophonie actuelle, ce qui restera dans le futur ce sont les hommes et les femmes bien formés, fascinés par le futur et dont l’Algérie aura besoin. Le destin de l’Algérie se jouera assurément dans cette génération, soyons au rendez-vous de l’Histoire! Les conditions critiques d’implosion demeurent, les frustrations persistent, les perspectives s’assombrissent et enfin les fondements d’un développement durable du pays ne sont toujours pas réalisés. Si nous nous arrêtons aux équilibres macroéconomiques et la dette, il est évident que nous avons bénéficié d’une conjoncture favorable à nos exportations d’hydrocarbures et de bonnes conditions pluviométriques qui nous donnent un peu de répit. Cette embellie est indépendante de nos efforts. 

Seul le parler vrai, l’assumation sereine d’un passé dans toutes ses dimensions, permettra de remobiliser le peuple algérien, en dehors des partis politiques dont on connaît les limites. Saurons-nous alors, tous ensemble, trouver le secret pour sauver l’Algérie en offrant à cette jeunesse en panne d’espérance une perspective pour le futur autrement que par le mimétisme ravageur d’un Occident sûr de lui et dominateur? La question reste posée.

 Source: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24433

22 avril, 2011 à 12:18 | Commentaires (0) | Permalien


Le Nouvel ordre mondial par Pierre Hillard

Frémissant fin 2010 et désormais bouillonnant depuis 2011, le monde musulman connaît des bouleversements qui ont pris de court les diplomaties de tous les continents. Des manifestations de masse secouent les structures politiques héritées de la Seconde guerre mondiale ou de la décolonisation. Sur fond de pauvreté et de corruption généralisées, les foules sunnites et chiites exigent un changement radical. La démocratie, des élections libres, une plus grande liberté des médias et autres éléments propres à l’épanouissement de l’homme doivent désormais régir les structures politiques musulmanes. Ces revendications ne peuvent que satisfaire les dirigeants et les opinions publiques des nations européennes et américaines. Cependant, cette présentation idyllique se doit d’être vue sous l’angle de la réalité politique. En effet, « la comédie humaine », chère aux romans d’Honoré de Balzac, nous a appris que les grands événements sont toujours le fruit des actions d’une élite. Les masses ont toujours été utilisées comme instrument en faveur d’une politique bien définie. « Agitez le peuple avant de s’en servir » comme se plaisait à le rappeler le diplomate Charles-Maurice de Talleyrand qui, en ce domaine, s’y entendait.

L’architecture générale du nouvel ordre mondial en préparation

Pour mieux comprendre les bouleversements en cours dans les pays musulmans, nous devons aller du général au particulier. En effet, la trame de fond à l’origine de tous ces événements réside dans le développement du nouvel ordre mondial qui est plus qu’une idéologie ; c’est une mystique. Il s’agit de favoriser partout l’émergence de blocs continentaux européen, africain, Nord-américain ou Sud-américain politiquement unifiés et régis par des lois communes. L’ensemble de ces blocs doit constituer l’architecture générale d’une gouvernance mondiale réunissant une humanité indifférenciée et nomade. Cette politique prend déjà forme avec la création d’une assemblée parlementaire mondiale au sein des Nations Unies (APNU : Assemblée Parlementaire des Nations Unies)[1] sous la direction de l’Allemand Andréas Bummel[2].  Une monnaie mondiale doit structurer l’ensemble. Le FMI a déjà annoncé la couleur en avril 2010 en plaidant en faveur d’une monnaie planétaire (le Bancor) régie par une banque centrale mondiale (Reserve accumulation and International Monetary Stability)[3]. Ceci implique l’abandon du dollar et une réforme complète du système financier mondial. Cependant, cette construction babélienne ne peut s’élever qu’à la condition d’imposer une uniformisation des esprits. Une unité de pensée, des réflexes psychologiques communs, un esprit consumériste et un hédonisme effréné doivent codifier les ressorts profonds de l’âme humaine. Or, dans cette affaire, l’Islam ne rentre pas dans cette configuration. Cette opposition est renforcée par une caractéristique fondamentale de l’Islam par rapport au monde occidental. En effet, les pays issus du résidu de civilisation chrétienne reposent sur la distinction entre le temporel et le spirituel. En revanche, la religion musulmane n’obéit pas à cette caractéristique en fusionnant le temporel et le spirituel. L’Islam est en même temps une foi et une loi. C’est pour cette raison que la société civile, par exemple, n’a jamais pu naître en terre d’Islam. Cette présentation factuelle est indispensable à retenir car elle permet de comprendre que ces deux mondes sont sur des parallèles civilisationnelles.

Au lendemain de la chute du mur de Berlin, les élites anglo-saxonnes ont accéléré le rythme en permettant l’édification d’une Union européenne assujettie à leurs intérêts[4] en coopération avec l’Allemagne[5]. Cette Union européenne doit, théoriquement pour 2015, constituer un partenariat transatlantique complet[6] avec le Nouveau monde qui lui-même est appelé à s’unifier dans le cadre d’une Union nord-américaine[7] selon les vœux du Council on Foreign Relations (CFR)[8]. Cependant, face à la montée en puissance du monde asiatique, en priorité chinois, Londres et Washington veulent s’assurer le contrôle complet des hydrocarbures en provenance des pays Sud-méditerranéens et du Proche-Orient. L’indépendance acquise du Sud-Soudan avec le soutien intéressé des Anglo-Saxons s’explique en raison de riches réserves pétrolières qui, désormais, échappent à Pékin. Cette politique en direction de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient fut appuyée dès 1995 par l’Union européenne qui lança le « Processus de Barcelone »[9]. L’objectif officiel était : 1) la définition d’un espace commun de paix et de stabilité ; 2) la construction d’une zone de prospérité partagée avec l’instauration progressive d’une zone de libre-échange ; enfin 3) le rapprochement entre les peuples.

En raison de résultats peu probants, la Commission européenne passa à la vitesse supérieure en 2003 en lançant la « Politique européenne de voisinage » (PEV)[10]. Cette dernière consiste à imposer aux pays du pourtour Sud-méditerranéens le modèle euro-atlantiste en leur présentant toute une série de normes à intégrer : l’économie de marché, le respect des droits de l’homme ou encore l’Etat de droit.  Dans l’esprit des concepteurs européistes, des normes communes doivent gérer tous les pays de part et d’autre de la Méditerranée. Une intégration complète doit conduire à l’union d’un Occident « civilisé » à celui d’un Orient « compliqué ». En fait, en filigrane, ce qui nous est proposé, c’est la tentative de restauration de l’Empire romain soudée à une excroissance géographique Nord-américaine. En matière d’intégration, les textes de la PEV sont très clairs. Ils stipulent : « Le concept qui se trouve ancré dans la politique européenne de voisinage est celui d’un cercle de pays partageant les valeurs et objectifs fondamentaux de l’UE et s’engageant dans une relation de plus en plus étroite allant au-delà de la coopération, c’est-à-dire impliquant un niveau d’intégration économique et politique important »[11].

En raison de cette dynamique, il fut décidé en 2007 la création d’une Union pour la Méditerranée sous l’impulsion du président Sarkozy. L’objectif officiel était de renforcer et d’accélérer le processus d’intégration des deux rives de la Méditerranée. Cependant, le projet fut fondamentalement remanié sous la pression de la chancelière Merkel appuyée par la Fondation Bertelsmann[12]. En effet, en raison du poids croissant de l’Allemagne en Europe centrale et orientale, les autorités françaises ont cherché à contrebalancer cette tendance en créant une forme de Mitteleuropa Sud-méditerranéenne sous la seule influence de la France. Dans la première mouture d’Union pour la Méditerranée, seuls les pays riverains étaient intégrés au club. Flairant une politique de création de zone d’influence contraire à ses intérêts, Berlin exigea et obtint que tous les pays de l’UE participent à cette Union pour la Méditerranée. Comme le précisa clairement la chancelière : « Si par exemple, nous construisons une Union pour la Méditerranée qui verrait uniquement la participation des Etats riverains de la Méditerranée disposant des instruments financiers de l’Union européenne, je le dis tout net ; d’autres diront : nous devons mettre sur pied une Union de l’Europe de l’Est avec par exemple, l’Ukraine (…). Alors, il se passera quelque chose que je tiens pour très dangereux. Il se pourrait que l’Allemagne se sente plus concernée de son côté par les pays d’Europe centrale et orientale tandis que la France, elle, se tourne du côté de la Méditerranée. Cela réveillerait des tensions à l’intérieur que je ne veux pas. C’est pourquoi, il faut être clair : la responsabilité à l’égard de la Méditerranée est aussi l’affaire d’un Européen du Nord au même titre que l’avenir des frontières de la Russie et de l’Ukraine est l’affaire de ceux originaires de la Méditerranée. Si nous n’arrivons pas à arrêter ce mouvement, alors l’Union européenne à mon sens retournerait à son stade primitif (…) »[13]. Le président Sarkozy s’inclina permettant à l’Allemagne, principal contributeur financier européen, de faire d’une pierre deux coups : maintien de son influence en l’Europe de l’Est tout en étendant et renforçant ses liens vers le Sud de la Méditerranée. Désormais baptisé « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée », cette victoire allemande fut le 1870 de la diplomatie française.

Le Nouvel ordre mondial par Pierre Hillard dans Politique Internationale Pierre-Hillard-1

La destruction programmée

En fait, le lancement officiel de la politique de déstructuration étatique et civilisationnelle des pays musulmans du Maroc à l’Afghanistan peut être daté au 7 février 2004. En effet, lors de la 40è Conférence de Munich sur la politique de sécurité sous l’égide de l’OTAN[14], Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères du chancelier Schröder, présenta un véritable programme politique à appliquer aux pays musulmans de concert avec les Etats-Unis. Porte-parole des travaux de différents think tanks américains (Rand, Canergie Endowment, National Endowment for Democracy, …)[15] ou allemands (la Fondation Bertelsmann, …)[16],  Joschka Fischer rappela la nécessité d’une « stratégie commune » euro-américaine en deux points : 1) le lancement d’un processus méditerranéen commun de l’OTAN et de l’Union européenne ; 2) une « Déclaration pour un avenir commun » pour tous les pays du Proche et Moyen-Orient. Outre l’imposition de réformes touchant les domaines politiques, économiques et militaires à l’image des pays du bloc euro-atlantique, le ministre allemand proposa une refonte complète du système juridique, éducatif et social, la création d’ONG ainsi que le développement de la société civile, du dialogue interreligieux, la promotion des droits de l’homme en général et de l’égalité homme/femme en particulier pour l’ensemble du monde musulman. Toutes ces mesures doivent, selon l’expression même du ministre, favoriser « l’intégration de leurs économies », le tout reposant « sur la conviction que la modernisation du Proche-Orient élargi sera décisive pour notre sécurité commune au XXIè siècle. Faire participer les populations du Proche et Moyen-Orient aux conquêtes de la mondialisation est donc dans notre plus grand intérêt »[17].

Ces mesures révolutionnaires destinées à fondre le monde musulman dans les principes euro-atlantistes et mondialistes furent confirmées, le 27 février 2004, lors de la signature de « l’Alliance germano-américaine pour le XXIè siècle »[18] à Washington entre le chancelier Schröder et le président Bush. Outre le rappel des mesures proclamées à Munich, il est clairement affiché que : « Nous devons construire un véritable partenariat qui relie l’Europe et l’Amérique aux pays du Proche et Moyen-Orient afin de travailler ensemble avec les pays et les peuples de cette région dans un cadre permettant d’atteindre des buts ciblés et de vivre paisiblement les uns à côté des autres (…) ». En fait, ces affirmations épousent parfaitement les objectifs de la politique du « Grand Moyen-Orient » lancée par l’administration Bush, désormais baptisée « Nouveau Moyen-Orient » (New Middle East) sous le plume de Richard Haass président du CFR dans la revue Foreign Affairs en 2006[19]. Cette coopération euro-américaine est d’autant plus significative qu’elle se retrouve dans les travaux de la Fondation Bertelsmann qui a développé une double politique à l’égard d’Israël et du monde musulman. Dans un premier temps, il s’agit dans le cadre du « Dialogue germano-juif »[20] d’intégrer Israël à l’architecture politique, économique et militaire euro-atlantique. L’Etat hébreu doit constituer un pilier du judaïsme en liaison avec deux autres piliers : les judaïsmes européen et américain. Dans un deuxième temps, cette politique ne peut se concrétiser qu’à la condition de réussir à arrimer le monde musulman à cette construction géopolitique. C’est tout l’enjeu des « Discussions de Kronberg »[21] qui, depuis 1995, permettent des discussions entre euro-américains et élites musulmanes afin d’inciter ces dernières à adopter les principes politico-philosophiques des euro-atlantistes dans les structures internes des pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Or, ces discussions achoppent en raison de la fusion du spirituel et du temporel propre à l’Islam. Et c’est là où les autorités américaines ont d’une certaine manière lâché le morceau.

Le Vatican II de l’Islam

Pierre-Hillard-2 dans Politique Internationale

En juin 2006, un article intitulé « Frontières de sang » sous la signature de Ralph Peters et paru dans la revue militaire américaine Armed Forces Journal (AFJ), a présenté une carte recomposant le Proche-Orient en fonction des critères ethniques et religieux[22]. Tous ces pays voient leurs frontières bouleversées. En fait, son auteur s’inspire largement des travaux de l’islamologue britannique proche de Zbigniew Brzezinski (conseiller du président Obama), Bernard Lewis. Ce dernier est l’auteur de l’expression « Choc des civilisations »[23] reprise avec succès par Samuel Huntington. Pour Bernard Lewis, il s’agit de balkaniser le monde musulman afin de créer de mini-Etats pétroliers plus faciles à contrôler. Un modèle de restructuration appelé « arc de crise » fut présenté dans la revue « Time » en janvier 1979[24]. Cette recomposition complète repose sur le principe du « divisez pour mieux régner ». Cependant, derrière l’aspect politico-économique, la mystique mondialiste s’attaque au cœur du monde musulman concernant un point méconnu de nos sociétés matérialistes. En effet, la nouvelle carte présente un remaniement révolutionnaire : un « Etat sacré islamique » regroupant Médine et la Mecque au sein d’une Arabie Saoudite complètement désarticulée et dont l’éclatement aurait de fatales répercussions sur l’économie mondiale (grandes difficultés d’approvisionnement en pétrole) et sur la stabilité du dollar. Comme le précise son auteur : « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis au Saoud (ndlr : la famille régnante d’Arabie Saoudite) de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. (…) Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé »[25].

En effet, parler de l’intégration du monde musulman à l’axe euro-atlantique et aux principes du nouvel ordre mondial signifie que cela ne peut se faire qu’à la condition de modifier radicalement leurs référents religieux et, par ricochet, politiques, économiques, sociaux et psychologiques. La mystique mondialiste veut imposer son baptême permettant la mise en forme d’un panthéisme. La création d’un « Etat sacré de l’Islam »  et d’un « Conseil représentatif tournant » en mesure de modifier la religion de l’intérieur correspond à l’instauration d’un Vatican II de l’Islam. Pour rappel, les préceptes de l’Eglise catholique étant incompatibles avec la doxa mondialiste, il fut nécessaire de favoriser un aggiornamento complet grâce à Vatican II (1962-1965) afin de permettre aux successeurs de saint Pierre de soumettre la doctrine catholique à l’idéologie mondialiste dans le cadre d’une Agapè inversée et célébrée dans le Temple des Nations Unies. Ce fut affirmé sans ambiguïtés par Jean XXIII qui, dans son encyclique Pacem in terris de 1963[26], rappelait la nécessité d’un « pouvoir supranational ou mondial » qui ne soit pas institué de force permettant « l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale ». Cette affirmation fut reprise par Benoît XVI qui n’hésita pas à encourager l’humanité à s’engager « dans l’édification d’un nouvel ordre mondial » dans son message de Noël en 2005[27]. Ce pape réitéra son engagement, dans son encyclique Veritas in caritate de 2009, en appelant à créer une « autorité politique mondiale » en liaison avec l’ONU[28]. C’est la même démarche qui attend les pays musulmans si le projet consistant à entièrement déstructurer cette zone géographique du Maroc à l’Afghanistan arrive à son terme. Cette politique de dissolution et de recomposition doit favoriser les luttes entre sunnites et chiites, entre musulmans et chrétiens et conduire à une confrontation brutale avec le sionisme. De ce magma en fusion, un « Islam des Lumières » doit théoriquement émerger du chaos engendré par la mystique mondialiste afin de l’intégrer aux dogmes de la gouvernance mondiale. L’heure de vérité a sonné. Finalement, les auteurs de ce drame aux conséquences incalculables (politiques, économiques, énergétiques et en vies humaines) suivent à la lettre les fameux vers du poème de Goethe, « L’apprenti sorcier », qui rappelaient : « Les esprits que j’ai réveillés ne veulent plus m’écouter ».

Pierre Hillard

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20 avril, 2011 à 11:42 | Commentaires (0) | Permalien


Ferhat Mehenni veut sombrer la Kabylie et l’Algérie dans un bain de sang

  Ferhat Mehenni comptait visiblement profiter des tensions au Moyen‑Orient et au Maghreb pour trouver de nouveaux alliés au MAK et au projet d’autonomie pour la Kabylie. Le leader du MAK effectue depuis quelques jours un voyage aux États‑Unis pour « chercher un soutien diplomatique de l’administration américaine et des Nations Unies pour faire pression sur l’Algérie afin qu’elle accepte un référendum pour l’autonomie », a‑t‑il lui même affirmé, rapporte ce mardi 19 avril la chaîne de télévision Fox News qui relate le voyage de Ferhat Mehenni à Washington. Sa stratégie pour convaincre les Américains ? Surfer sur la menace terroriste et poser son mouvement comme le rempart nécessaire en Algérie contre Al Qaida au Maghreb Islamique, selon le compte‑rendu de la chaîne américaine. Il a également accusé le pouvoir algérien d’avoir envoyé des mercenaires en Libye et de bloquer les initiatives destinées à renverser Kadhafi. 

Aux États‑Unis, Ferhat Mehenni a fait de curieuses demandes d’audience. Il a ainsi demandé à être reçu à la NASA (agence de sécurité nationale, une structure d’espionnage) et au Pentagone (le ministère de la Défense). Mais ses demandes sont restées sans réponse, selon Fox News. Pourquoi un homme politique algérien chercherait‑il à s’entretenir avec les responsables de structures militaires américaines ?  Finalement, Ferhat Mehenni s’est simplement entretenu avec des responsables du Département d’État « à un niveau moins élevé », ajoute la chaîne américaine. Il a également rencontré des membres du Congrès américain, dont certains, semblent a contrario penser que les États‑Unis doivent entretenir des contacts plus importants avec le MAK, considéré par ses interlocuteurs comme un « allié » de l’Occident face à la montée de l’intégrisme. 

Mais pour un ancien diplomate américain cité par Fox News, le MAK n’aurait pas suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de l’Administration américaine, qui semble plutôt vouloir maintenir ses relations au beau fixe avec l’Algérie en matière de coopération dans la lutte anti‑terroriste.

 http://www.tsa-algerie.com/politique/en-visite-aux-usa-ferhat-mehenni-demande-a-etre-recu-au-pentagone-et-a-la-nsa_15288.html 

«Argaz-agi yebgha aghed yawi cwal gher tmurt» 

 Ferhat a trahit la cause Kabylie à plusieurs reprises, et la dernière était celle où il avait demandé aux kabyles d’affronter les gendarmes et les sortir de la Kabylie, alors qu’au même moment il se cachait chez avec ses enfants en France. Tout le monde connaissait la suite de ces évènements. Aujourd’hui, il s’autoproclame président de la Kabylie et sans qu’il soit mandaté par personne, il ose parler au nom de tous les Kabylies. Mais, Pour qui il se prend ce type?

Qu’il vienne faire son gouvenement en Kabylie s’il veut un vrai débat, ce n’est pas en France que cela se passe. Je me rappelle dans les années 2004-2006 quand j’étais étudiant en France,  je l’ai vu deux fois faire la queue à 6h du matin pour obtenir un titre de séjour à la préfecture de Bobigny, au même moment où il demande aux Kabyle de manger aghrum ubelud, tout en disant sbar xxir n yir mensi. De qui se moque ce pitre ? 

Il n’y à personne qui l’a mandaté pour  parler  au nom de la Kabylie, on ne veut pas d’une langue et d’une démocratie importé des USA, on ne veut pas de soldats Américain en Kabylie. On a très bien  vu leurs oeuvres en Irak, Afghanistan, Kosovo. Libye… 

 Ferhat ne cesse de chercher partout le soutient de puissances étrangeres pour détruire l’Algérie, il est partout sur les fronts avec sa politique à la con, il n’a aucun charisme, ni diplomatie, il devrait se contenter de sa guitare et chanter, cela lui va mieux que sa naïveté politique et sa stupidité stratégique.

 La démocratie ce n’est pas une chanson  mass Ferhat, c’est beaucoup plus compliqué que vous le croyez. On ne joue pas avec le sort d’une population comme on joue sur une guitare et on ne s’allie pas avec le diable pour satisfaire ses ambitions. Franchement, quand j’ai vu Sadi avec BHL cela m’a énervé, mais Ferhat est allé beaucoup plus loin dans sa provocation, Aller voir le pentagone pour régler une question politique, je ne pense pas que cette personne cherche le bien de la Kabylie, le pentagone est un département qui présente des stratégies de guerre et de destruction de nations, il ne cherche pas de solutions politiques, il est là pour les intérêts d’une poignée de riches pétrolières, jamais pour défendre les libertés des peuples. 

 Ferhat est un imbécile qui va apporter malheur à tout le monde, il fait un jeu très dangereux, c’est une vraie trahison pour un peuple qui veut construire lui même son propre pays et c’est une insulte aux Kabyles qui se battent pour cette Algérie libre.  Ce n’est pas de la liberté d’expression cela, c’est un complot contre notre Kabylie et contre toute l’Algérie.   Je suis Kabyle et je suis fière de l’être, je me suis battu pour cette culture et je suis prêt à tous donner  i wakkal gi dekragh, mais je ne veux surtout pas voir un quelconque opportuniste chechant une renommée ou une gloire parler au nom de tout le monde ni un  étranger venir m’apprendre comment je dois vivre, on avait toujours l’habitude et la traditions de régler nos conflits entre nous, dans les assemblées de villages, dans les familles (adrum) mais aussi dans les maisons argaz d win yisnen ad yefru timsal n bwuxxam’is daxxel  uxxam’is.  Gulussa.

19 avril, 2011 à 22:48 | Commentaires (0) | Permalien


Les armées secrètes de l’OTAN (VII) par Daniele Ganser

S’il est un secret bien gardé en France, c’est celui de la sanglante guerre que les services secrets anglo-saxons ont conduit durant soixante ans à Paris pour maîtriser la vie politique nationale. En révélant les péripéties de cet affrontement historique, l’historien suisse Danièle Ganser souligne le rôle du gaullisme dans le projet national français : d’abord soutenu par la CIA pour revenir au pouvoir, Charles De Gaulle parvient à un consensus politique avec ses anciens camarades résistants communistes à propos de la décolonisation, puis chasse l’OTAN. Il s’ensuit un conflit interne dans les structures secrètes de l’État ; conflit qui se poursuit encore. 


 

L’invasion et l’occupation de son territoire par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale demeure le plus grand traumatisme de l’histoire moderne de la France. Le 14 juin 1940, Paris tombait entre les mains des nazis. Tandis que les sympathisants de l’extrême droite au sein de l’armée et des élites politiques, partisans du maréchal Philippe Pétain, pactisaient avec l’occupant et installaient un gouvernement de collaboration à Vichy, le général Charles de Gaulle se réfugia à Londres et déclara aux Français qu’il représentait l’unique gouvernement légitime de la France. De Gaulle insista pour que continue la guerre contre l’occupant. Afin de collecter des renseignements, d’assurer la liaison avec les mouvements de résistance locaux et d’organiser des opérations de sabotage en territoire ennemi, il fonda à Londres le Bureau Central de Renseignement et d’Action. Les agents du BCRA étaient parachutés au-dessus de la France pour effectuer leurs missions clandestines au prix de nombreuses vies. Dans ses missions, son entraînement et son équipement, le BCRA, qui fut dissous avant la fin de la guerre, préfigurait l’armée secrète française à laquelle il donna de nombreux combattants. Après le débarquement allié de Normandie le 6 juin 1944 et la libération de la France par les Américains, le général de Gaulle fit une entrée triomphale dans Paris et prit la tête de l’État. Le maréchal Pétain qui avait collaboré avec Hitler fut condamné à mort avant d’être gracié et emprisonné à vie. 

Avec la fin de la seconde guerre mondiale naquit la IVe République Française (1946-1958), caractérisée par une instabilité politique et militaire et par les luttes d’influence entre les différents partis. [1] À gauche, le parti communiste français (PCF) jouissait d’une grande popularité, due notamment à son rôle dans la Résistance sous le régime de Vichy : « Le PCF avait acquis un prestige immense et une sorte d’autorité morale pour avoir été le fer de lance de la Résistance (…) son patriotisme était incontesté  ». [2] À droite, les collaborateurs de Vichy au sein de l’armée et des milieux industriels et d’affaires ne supportaient pas l’idée de voir la France tomber sous la coupe du communisme, que ce soit par un coup d’État ou par une victoire du PCF lors d’élections démocratiques. Mais surtout, les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient fermement opposés au PCF qu’ils considéraient comme inféodé à Moscou. C’est pourquoi, à l’instar de ce qui arriva en Italie, une guerre secrète fut aussi menée en France après 1945, opposant les membres du PCF et des syndicats de gauche d’une part et la CIA et des éléments des appareils politique, militaire et policier français d’autre part. 

« Tout d’abord, ils [la CIA] cherchent à empêcher la gauche d’accéder au pouvoir et surtout à éviter que les communistes entrent au gouvernement. Pour la CIA c’est évidemment la priorité des priorités, et cela vaut pour tous les pays de l’Alliance Atlantique », expliqua un jour l’ancien agent de la CIA Philip Agee. [3] En effet, dans aucun pays d’Europe, à l’exception de l’Italie, les communistes n’étaient aussi influents que dans la France d’après-guerre. Washington redoutait que Moscou n’ordonne au PCF de s’emparer du pouvoir par un coup d’État. Toutefois, Staline n’encourageait pas les communistes français dans cette voie et, bien que parmi les plus jeunes, d’entre eux certains rêvaient d’un destin plus épique, l’ancienne et institutionnelle direction du PCF n’envisageait pas de prendre le pouvoir par la force. Ses membres devinaient à raison qu’ils perdraient ainsi leur légitimité, s’ils n’étaient pas tout simplement balayés par l’armée états-unienne, qui était encore stationnée en France au lendemain de la libération. Le PCF avait plus à gagner à se conformer aux procédures démocratiques. 

De Gaulle avait nommé deux ministres communistes dans son nouveau gouvernement et était parvenu dans le même temps, en novembre 1944, à convaincre les mouvements de résistance communistes de rendre les armes en échange de la promesse d’élections démocratiques et équitables. Les municipales du printemps 1945 se soldèrent par une victoire du PCF qui s’assura 30 % des voix. Les deux autres partis en course, le nouvellement fondé Mouvement Républicain Populaire et les socialistes français arrivèrent deuxième et troisième, recueillant respectivement 15 et 11 % des suffrages. Cette tendance se confirma lors des premières élections nationales du 21 octobre 1945 où, avec 26 %, le PCF obtint 160 sièges à l’Assemblée Constituante, contre 142 pour les socialistes (24 %), le MRP arrivait dernier avec 23,6 %. Ensemble, les deux partis de gauche détenaient une courte majorité. 

Malgré la victoire sans appel du PCF et les promesses qu’il avait faites, de Gaulle refusa de confier les ministères-clés de son gouvernement aux communistes. Ceux-ci protestèrent vigoureusement en ne se voyant attribuer que 4 portefeuilles : l’Économie, l’Armement, l’Industrie et le Travail, le secrétaire général du PCF Maurice Thorez étant nommé ministre d’État. Les communistes usèrent de leur tribune au Parlement pour dénoncer la guerre que menait alors la France pour reconquérir l’ancienne colonie d’Indochine. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale, la parlementaire Jeannette Vermeersch affirma que, dans les villages embrasés du Vietnam, les soldats français « se rendaient coupables des mêmes atrocités » que les nazis quelques années seulement auparavant. Cette remarque provoqua un tollé dans l’hémicycle et le Président lui répondit en ces mots : « Madame, je vous le dis poliment (…) c’est une injure intolérable que vous faites à cette Assemblée et à la Nation !  » Comme Vermeersch insistait, il lui déclara : « Madame, je n’aurais jamais cru qu’une femme fût capable d’une telle haine ». Ce à quoi Vermeersch répliqua :« Oui, je ressens de la haine quand je pense aux millions de travailleurs que vous exploitez. Oui, je hais la majorité de cette Assemblée ! » [4]. 

Les membres conservateurs de la société française furent très inquiets du radicalisme du PCF et outrés lorsque les communistes, en réaction à leur faible représentation au sein du gouvernement, firent deux propositions de lois, l’une visant à limiter les pouvoirs de l’exécutif, l’autre à réduire le budget de la Défense de 20 %. L’adoption de ces deux lois par le Parlement à majorité communiste conduisit de Gaulle à présenter solennellement sa démission, le 20 janvier 1946. Mais la lutte pour le pouvoir se poursuivit, le PCF proposant un partage des ministères entre communistes et socialistes, ce qui n’aurait été qu’une juste conséquence de l’opinion exprimée démocratiquement par les Français dans les urnes. Cependant les socialistes s’y refusèrent. Ils comprenaient clairement que la France, à l’instar de l’Italie, ne jouissait à l’époque que d’une souveraineté limitée, et que les USA n’auraient pas accordé à un régime gauchiste le Plan Marshall de relance économique dont le pays avait tellement besoin. 

La position de la Maison-Blanche s’opposait de plus en plus avec la volonté exprimée démocratiquement par le peuple français qui plébiscita une fois de plus le PCF lors des élections nationales de 1946, lui offrant le meilleur score de son histoire, 29 %, tandis que le MRP et les socialistes accusaient, eux, un léger recul. La tentation et l’influence du communisme en France demeuraient une réalité. En termes d’importance, le PCF n’avait qu’un seul équivalent dans toute l’Europe de l’Ouest : le puissant PCI en Italie. En Suisse, le parti communiste avait été déclaré illégal, son homologue britannique n’était qu’une petite cellule placée sous la domination du parti travailliste tandis qu’en Belgique, si les communistes étaient comparativement plus influents ils n’occupaient que des postes mineurs au gouvernement. Le PCF, quant à lui, revendiquait près d’un million de membres. Son organe central, L’Humanité, était, avec son édition Ce Soir, le journal le plus lu en France, et le parti contrôlait les principales organisations de la jeunesse (y compris l’« Union des Jeunesses Républicaines ») ainsi que les plus grands syndicats de travailleurs (notamment la Confédération Générale du Travail, CGT). 

L’ambassadeur états-unien à Paris, Jefferson Caffery, un anticommuniste fervent, envoyait, semaine après semaine, des rapports toujours plus alarmant au Président Truman. Washington et les services secrets étaient convaincus de la nécessité de livrer une guerre secrète afin de défaire le PCF. Le 26 novembre 1946, le général Hoyt Vandenberg, directeur du CIG (future CIA), adressa à Truman un mémorandum l’avertissant que sa puissance permettrait au PCF de prendre le pouvoir dès qu’il le déciderait : « En excluant la possibilité qu’un gouvernement puisse être formé sans la participation des communistes, l’ambassadeur Caffery soutient (…) que les communistes ont acquis assez de poids pour s’emparer du pouvoir quand ils jugeront opportun de le faire ». Vandenberg soulignait que, d’après les services de renseignement états-uniens, le PCF n’avait toutefois pas l’intention d’accéder au pouvoir par un coup d’État. « Leur renoncement à s’emparer du pouvoir par ce moyen s’explique par le fait (1) qu’ils préfèrent y parvenir par des moyens légaux et (2) que ce serait contraire à la politique actuelle du Kremlin. » [5] 

Le Plan Bleu 

À l’initiative des Forces Spéciales états-uniennes et des SAS britanniques, une armée secrète fut bâtie en France sous le nom de code « Plan Bleu », avec pour mission d’empêcher clandestinement le PCF d’accéder au pouvoir. En d’autres termes, le Plan Bleu devait contrer la Menace Rouge. Victor Vergnes, un vétéran de cette armée secrète, se souvient que l’impulsion était venue des Britanniques au lendemain de la guerre. « Je vivais alors à Sète, dans la maison du commandant Benet, un officier du DGER qui avait effectué des missions en Inde. De nombreuses réunions se tenaient dans cette maison à l’époque. » Les SAS, spécialistes des guerres secrètes, prirent contact avec le jeune service de renseignement français, la Direction Générale des Études et Recherches (DGER), et convint avec lui de l’installation d’une armée secrète dans le nord-ouest de la France, en Bretagne. « Un jour  », se souvient Vergnes, « après avoir reçu la visite du lieutenant Earl Jellicoe des SAS, il me dit : “On est en train de bâtir une armée secrète, surtout dans la région de Bretagne” ». [6] 

Les cellules de cette armée secrète essaimèrent bientôt à l’ensemble du territoire. Elle comptait dans ses rangs de nombreux agents et officiers de la DGER. Il faut signaler que la DGER employa, sous la direction d’André Devawrin, des anciens membres de la Résistance communiste. Aux yeux des agents les plus conservateurs et surtout des États-uniens, leur présence constituait un risque évident pour la sécurité, surtout lorsqu’il s’agissait de missions top secrètes visant les communistes français, comme l’Opération Plan Bleu. La DGER fut donc démantelée en 1946 et remplacée par un nouveau service secret militaire, farouchement anticommuniste celui-là, le SDECE, dirigé par Henri Alexis Ribière. Avec le remplacement de la DGER par le SDECE, c’est une bataille importante de la guerre secrète qui fut perdue par les communistes qui héritèrent d’un adversaire bien plus dangereux. Des anticommunistes formés en Grèce lors de la guerre civile furent recrutés par le SDECE qui marqua ainsi un net virage à droite. « Les Anglo-Américains étaient en contact étroit avec les conspirateurs, surtout avec Earl Jellicoe, qui venait de rentrer d’une campagne anticommuniste en Grèce. » [7]. 

Pendant que la France était paralysée par des grèves massives à l’initiative des communistes, les agents du Plan Bleu récoltaient secrètement des fonds auprès des riches industriels afin de financer leur guerre secrète. « J’ai rencontré les frères Peugeot dans leurs bureaux », raconte Vergnes sur ses contacts avec l’industrie automobile. « Nous discutions de ce qu’il conviendrait de faire en cas de grèves et d’occupations généralisées des usines. Nous avons travaillé pendant deux mois à l’élaboration d’un plan d’action détaillé. Nous étions divisés en sections et disposions de voitures, de garages et d’hôtels. » [8] Quand eut lieu une grève importante soutenue par le PCF et la CGT aux usines Renault, la tension redoubla dans le pays. Le Premier ministre socialiste Paul Ramadier ordonna un gel des salaires en totale contradiction avec les revendications des travailleurs qui réclamaient de meilleures rémunérations. La situation tournait au bras de fer. Les communistes votèrent contre le gel des salaires proposé par Ramadier tandis que les socialistes tentaient de le dissuader de démissionner, sur quoi, le 4 mai 1947, dans une manœuvre surprenante, il renvoya, en sa qualité de Premier ministre, tous les communistes de son gouvernement. Stupéfaits, ceux-ci prirent la nouvelle sans broncher et acceptèrent ce départ, convaincus qu’il ne pouvait être que temporaire. Cependant, les communistes ne devaient pas réintégrer le Conseil des ministres avant plus de 30 ans. Ce n’est que plus tard que l’on découvrit que Washington était impliqué dans cette manœuvre. « Le général Revers, chef d’état-major, révéla que le gouvernement américain avait fait pression sur Ramadier pour que celui-ci renvoie les ministres du PCF. » En outre, « les socialistes discutaient de la question au préalable avec l’ambassadeur Caffery » qui fit clairement comprendre aux socialistes français que l’aide économique des États-Unis ne serait pas fournie tant que les communistes resteraient au gouvernement. [9] 

Un mois après avoir démis les ministres du PCF de leurs fonctions, les socialistes français s’en prirent à la droite et à la CIA et exposèrent au grand jour l’existence de l’armée secrète Plan Bleu. Le 30 juin 1947, le ministre de l’Intérieur socialiste Édouard Depreux leva le secret et annonça à la stupeur générale qu’une armée clandestine de paramilitaires de droite avait été bâtie en France à l’insu de la classe politique et avec pour mission de déstabiliser le gouvernement français. « Vers la fin de l’année 1946, nous avons appris l’existence d’un réseau de résistance brune, composé de combattants d’extrême droite, de collaborateurs de Vichy et de monarchistes », expliqua Depreux. « Ils avaient un plan d’action secret baptisé “Plan Bleu”, qui devait être appliqué vers la fin du mois de juillet ou le 6 août [1947]. » [10]. 

Selon les déclarations lourdes d’implications du ministre de l’Intérieur, la CIA et le MI6 avaient projeté, en collaboration avec des paramilitaires français, un coup d’État pour l’été 1947. Ces révélations entraînèrent une série d’arrestations et d’investigations. Parmi les conspirateurs interpellés figurait le comte Edmé de Vulpian. Sa propriété de « La Forêt », près de Lamballe, en Bretagne, avait servi de quartier général pour les derniers préparatifs du putsch. Le commissaire chargé de l’enquête, Ange Antonini, y découvrit « des armes lourdes, des ordres de bataille et des plans d’opérations ». Ces documents permirent d’établir que, dans le cadre du Plan Bleu, les conspirateurs, qui cherchaient à détériorer le climat politique déjà tendu en France, avaient planifié des actes de terrorisme dont ils prévoyaient d’accuser la gauche afin de créer les conditions favorables à leur coup d’État, une « stratégie de la tension » déjà pratiquée en Grèce, en Italie et en Turquie. « Ils avaient même prévu d’assassiner de Gaulle afin d’exacerber le mécontentement public », ajoute Roger Faligot, un spécialiste français des services secrets. [11] 

Si elles admettent qu’une guerre secrète avait bel et bien été financée en France au lendemain de la guerre, d’autres sources nient formellement la thèse du coup d’État de 1947. « En révélant l’existence du Plan Bleu, Depreux cherchait à atteindre la droite, après avoir déjà porté un coup à la gauche », déclara Luc Robet, qui fut lui-même personnellement impliqué dans la conspiration, en faisant référence au renvoi des ministres communistes du gouvernement le mois précédent. « En outre, c’était une tentative pour affaiblir l’armée française, qui avait tendance à agir de son propre chef. » [12] Étonnamment, l’enquête sur l’implication du SDECE fut confiée au directeur du SDECE lui-même, Henri Ribière. Il conclut que la culpabilité incombait à la CIA et au MI6 qui avaient promu le Plan Bleu, bien qu’ils n’aient apparemment jamais projeté de renverser le régime en place. « Les armes découvertes dans tout le pays avaient été payées par Londres et Washington. Cependant elles avaient été fournies dans le but de résister aux communistes, et non de fomenter un coup d’État », conclurent les enquêteurs. [13] 

Sur une suggestion de l’ambassadeur Jefferson Caffery, qui supervisait étroitement la guerre secrète contre le communisme en France, la CIA, suite aux manœuvres qui avaient conduit au départ des communistes du gouvernement fin 1947, visa ensuite la CGT, la colonne vertébrale du communisme français. Dans son mémorandum adressé au Président Truman, le général états-unien Vandenberg soulignait à juste titre que les «  moyens d’action [des communistes] par la force ou la pression économique à travers la CGT, comme l’indique l’ambassadeur Caffery, les garantissent principalement contre une exclusion du gouvernement ». [14] La CIA parvint à créer un schisme au sein de la CGT dominée par les communistes, en écartant les modérés de Force Ouvrière, qu’elle finançait, au début des années cinquante, à hauteur de plus d’un million de dollars par an. [15] Cette opération affaiblit considérablement le PCF. 

Dernière cible dans cette guerre secrète et non des moindres, la police française subit elle aussi les attaques de la CIA. Après que les ministres communistes eurent quitté le gouvernement, l’ensemble de l’administration fut purgée de ses éléments d’extrême gauche, tandis que des anticommunistes fervents étaient promus au sein des forces de police. Parmi eux, le commissaire Jean Dides, qui avait collaboré avec l’OSS pendant la seconde guerre mondiale, fut nommé à la tête d’une police secrète anticommuniste formée de paramilitaires et dépendant du ministre de l’Intérieur Jules Moch. L’ambassade des États-Unis se réjouit des progrès réalisés et, début 1949, câbla au département d’État qu’afin de « combattre la menace communiste, la France a organisé des cellules de policiers peu nombreux mais efficaces (…) L’Italie est également en train de mettre en place des escadrons de police anticommuniste sous le contrôle du ministre de l’Intérieur Mario Scelba, en faisant appel aux cadres de l’ancienne police fasciste. » [16] 

Paix et Liberté 

Avec d’autres dirigeants des forces de police anticommunistes engagées dans la guerre secrète en Europe de l’Ouest, Dides participa régulièrement aux réunions de « Paix et Liberté », une structure contrôlée en sous-main par la CIA et conduite par l’anticommuniste français Jean-Paul David. [17] L’historien états-unien Christopher Simpson estime que les unités d’action clandestines telles que « Paix et Liberté » furent fondées et financées par la CIA pendant la guerre froide à raison de « facilement plus d’un milliard de dollars chaque année ». [18] Avec des ramifications dans plusieurs pays européens, « Paix et Liberté  » se chargeait de mener les opérations de guerre psychologique en Europe de l’Ouest conçues par la CIA et de répandre les idées anticommunistes en imprimant des affiches, en finançant une émission de radio, en diffusant des tracts et en organisant des manifestations ponctuelles. La branche italienne baptisée « Pace e Liberta  » était dirigée Edgardo Sogno et avait son quartier général à Milan. En 1995, l’enquête sur le réseau Gladio permit de découvrir que Paix et Liberté avait agi sous les ordres directs de l’OTAN. Le ministre des Affaires étrangères français Georges Bidault aurait suggéré en 1953, lors d’une réunion du Conseil Atlantique de l’OTAN, que Paix et Liberté procède à une réorganisation des services de renseignement de l’OTAN et serve de base et de moteur à la coordination des actions internationales menées contre le Kominform. [19] Dans son histoire de l’influence des USA sur la France d’après-guerre, Irwin Wall considéra que, aux côtés de Force Ouvrière, « Paix et Liberté représentait le principal exemple d’une organisation anticommuniste populaire promue par la CIA dans la France des années cinquante ». [20] 

Rose des Vents 

La révélation de l’existence du Plan Bleu et son interruption en 1947 ne mit pas un terme à la guerre secrète contre le communisme. Bien au contraire, le Premier ministre socialiste Paul Ramadier fit en sorte que ses loyaux dirigeants au sein des services secrets militaires ne soient pas éclaboussés par le scandale. Quand la tempête fut passée, fin 1947, il ordonna à Henri Ribière, le directeur du SDECE, et à Pierre Fourcaud, son adjoint, de mettre en place une nouvelle armée anticommuniste secrète sous le nom de code « Rose des Vents », en référence à l’étoile symbole de l’OTAN. Le nom était plutôt bien trouvé car, quand l’OTAN fut établie à Paris en 1949, le SDECE mena sa guerre secrète en étroite collaboration avec l’Alliance Atlantique. [21] Les combattants de l’ombre comprenaient tous que, dans le contexte maritime, la rose des vents est le repère que l’on place sous l’aiguille du compas qui indique le cap et en fonction duquel on effectue les corrections nécessaires si le navire menace de dévier de sa trajectoire. 

La coopération secrète s’intensifiant avec les USA, le SDECE ouvrit, en 1951, une antenne à Washington. [22] D’après le plan d’ensemble de lutte contre le communisme en Europe de l’Ouest adopté par la CIA et l’OTAN, l’armée dite Rose des Vents avait pour mission, au sein du SDECE, de localiser et de combattre les éléments communistes subversifs à l’intérieur de la IVe République. De surcroît, elle devait planifier des mesures d’évacuation et fournir une base de repli convenable à l’étranger. Ses hommes étaient formés pour des opérations de sabotage, de guérilla et de collecte de renseignements sous occupation ennemie. Le territoire français était divisé en nombreuses zones géographiques stay-behind où étaient affectées des cellules clandestines, chaque zone étant placée sous le contrôle d’un officier du SDECE. Une base de repli pour un gouvernement français en exil fut installée au Maroc et le SDECE envoya une partie de ses archives microfilmées à Dakar, au Sénégal. [23] 

 

Le plus célèbre des combattants de la Rose des Vents est peut-être François de Grossouvre, qui devint le conseiller pour les opérations spéciales du Président socialiste François Mitterrand en 1981. Pendant la seconde guerre mondiale, de Grossouvre s’était engagé dans la milice de Vichy qu’il prétendit par la suite avoir infiltrée pour le compte de la Résistance. Après 1945, les services secrets l’enrôlèrent dans les rangs de la Rose des Vents. L’agent du SDECE Louis Mouchon, qui recruta lui-même bon nombre de soldats de l’ombre, raconta un jour comment de Grossouvre avait été contacté : « Notre homme à Lyon, Gilbert Union, qui pendant la guerre avait effectué des missions pour le BCRA et qui était un passionné d’automobiles, venait de se tuer dans un accident de la route. Pour le remplacer le SDECE recruta François de Grossouvre en 1950. » Mouchin précisa que l’homme n’avait pas été recruté uniquement pour son expérience de la guerre mais également pour ses contacts : « Son entreprise, les sucres Berger & Cie, nous offrait une très bonne couverture. Il avait vraiment d’excellents contacts. » [24] 

En tant que conseiller spécial du Président Mitterrand, de Grossouvre joua un rôle considérable dans la guerre clandestine en France au début des années 1980, mais, en 1985, il fut dessaisi de ses principales fonctions après que son goût du secret ait fini par exaspérer les collaborateurs plus vertueux de Mitterrand. Il semble que les deux hommes aient cependant continué à entretenir de bonnes relations puisque, quand, suite aux révélations sur la dimension européenne de Gladio, Mitterrand se trouva au cœur du scandale et dut démanteler le réseau français, « il consulta d’abord son “éminence grise” François de Grossouvre ». [25] Au moment de sa mort, la participation de de Gossouvre à la guerre secrète ne faisait plus l’ombre d’un doute. « Il a été recruté par les services d’espionnage français et a contribué à bâtir le Gladio, un plan soutenu par les Américains visant à créer un mouvement de résistance armée à une invasion de l’Europe de l’Ouest par les Soviétiques », put-on lire dans la rubrique nécrologique de The Economist après que de Grossouvre, alors âgé de 76 ans se soit suicidé au Palais de l’Élysée, le 7 avril 1994. [26] 

L’ancien agent de la CIA Edward Barnes servit comme officier de liaison avec le réseau stay-behind Rose des Vents jusqu’en 1956. Après les révélations de 1990 sur les armées secrètes, il rappela comment non seulement Washington mais également les Français redoutaient une prise de pouvoir par les communistes. « De très nombreux Français souhaitaient être prêts à intervenir si quelque chose se produisait. » D’après Barnes, la résistance à une invasion soviétique était la motivation première du Gladio français alors que promouvoir des activités politiques anticommunistes en France « aurait pu être un objectif secondaire ». [27] Toujours selon l’ex-agent de la CIA, le programme stay-behind français consistait en « quelques dizaines » d’hommes recrutés individuellement par la CIA afin que chacun crée à son tour son propre petit réseau. Si, selon ce qu’on a pu observer dans d’autres pays, chaque Gladiateur recrutait et entraînait 10 autres hommes, on peut déduire des assertions de Barnes que le Gladio français comptait environ 500 soldats. 

Il est très difficile de déterminer le nombre exact des participants à cette guerre secrète contre le communisme. L’Intelligence Newsletter basée à Paris a indiqué suite à la découverte des armées secrètes de la CIA qu’« un directeur de service de renseignement français de l’époque avait offert de mettre à la disposition de la CIA quelques 10 000 “patriotes” entraînés et armés sélectionnés parmi les effectifs des forces armées françaises » et formés pour intervenir « dans l’hypothèse où un gouvernement communiste arriverait au pouvoir ». Barnes prétendit que la CIA «  n’avait aucune idée du nombre d’hommes qui surgiraient d’un peu partout. Il n’y avait aucun moyen de le calculer. Parmi ceux que j’ai rencontrés se trouvaient aussi bien des paysans, des citadins ou des commerçants. » La plupart n’avaient pas besoin de beaucoup d’entraînement puisqu’ils s’étaient déjà battus pendant la seconde guerre mondiale et avaient effectué des opérations spéciales derrière les lignes ennemies pour le compte du BCRA. [28] 

Afin de garantir l’indépendance matérielle des soldats de l’ombre, la CIA et le SDECE avaient disséminé des caches d’armes secrètes à travers tout le pays. « Des tas de trucs en tout genre étaient planqués dans des endroits reculés, pratiquement tout ce dont on peut avoir besoin », y compris des armes, des explosifs, des pièces d’or ou des bicyclettes ; les transmetteurs radio et les codes constituaient la première des priorités. Afin de préserver la clandestinité du réseau, la règle était de ne divulguer les informations qu’aux personnes strictement concernées. Barnes précisa que lui-même n’était autorisé à rencontrer qu’une dizaine de recrues de la CIA « de peur que je les grille ou qu’ils me grillent. Vous ne pouviez pas simplement demander à un type “Déterre-moi ça, Untel”. Il y a sûrement eu pas mal de cafouillages. Certains de ces gars enterraient le matériel quelque part et ils vous indiquaient un autre endroit. » [29] 

Opération Demagnetize 

Le ministre de la Défense italien savait que le SDECE et la CIA étaient en train de lever une armée secrète pour combattre les communistes. En octobre 1951, dans une lettre adressée au ministre de la Défense Marras, le général Umberto Broccoli indiquait que des armées de ce type existaient aux Pays-Bas, en Belgique, en Norvège, au Danemark et que « la France avait déjà monté de telles opérations en Allemagne et en Autriche ainsi que sur son propre territoire, jusqu’aux Pyrénées ». [30] Jusqu’où s’étendait ce réseau français dans l’Autriche et l’Allemagne occupées après la défaite, nous l’ignorons mais il semblerait qu’il ait existé des zones contrôlées par les troupes françaises jusqu’à ce que les Alliés se retirent des deux pays. Dans son rapport intitulé « Un SID parallèle – Le cas Gladio », le Premier ministre italien Giulio Andreotti confirmait que les armées secrètes anticommunistes étaient en liaison permanente avec l’OTAN et que « des réseaux de résistance avaient été mis en place par la Grande-Bretagne en France, aux Pays-Bas, en Belgique et vraisemblablement aussi au Danemark et en Norvège. Les Français se sont chargés des secteurs de l’Allemagne et de l’Autriche placés sous leur contrôle ainsi que de leur propre territoire, jusqu’aux Pyrénées. » [31] 

Un mémorandum top secret du Joint Chiefs of Staff, le Conseil de l’État-major interarmes états-unien, daté du 14 mai 1952 et intitulé « Opération Demagnetize » expliquait dans le détail comment « des opérations politiques, paramilitaires et psychologiques » devaient être mises en oeuvre afin de «  réduire l’influence du parti communiste en Italie et (…) en France ». [32] « L’objectif final de ce plan est de réduire le pouvoir des partis communistes, leurs ressources matérielles, leur influence au sein des gouvernements italien et français et particulièrement sur les syndicats », précisait la note confidentielle du Pentagone, « ce, dans le but de limiter autant que possible les risques que le communisme gagne de l’ampleur et menace les intérêts des États-Unis dans les deux pays ». Les armées secrètes levées par la CIA et commandées par le SDECE étaient formées et entraînées dans ce contexte stratégique car, comme le spécifiait le document, « limiter l’influence des communistes en Italie et en France est un objectif prioritaire. Il doit être atteint par tous les moyens ». La guerre devait être menée dans le plus grand secret et il n’était pas « indispensable que les gouvernements italiens et français soient informés du plan “Demagnetize” car celui-ci [aurait pu] être perçu comme une violation de leur souveraineté nationale ». [33] 

L’entraînement des soldats secrets de la Rose des Vents se déroulait sur plusieurs sites en France et à l’étranger, en étroite collaboration avec les Forces Spéciales françaises, et notamment la 11e Demi-Brigade Parachutiste de Choc, ou 11e Choc, des commandos spécialistes des opérations spéciales. Les deux corps entretenaient des relations étroites et, à plusieurs reprises, des officiers du 11e Choc intégrèrent la Rose des Vents. De même que les SAS effectuaient les opérations secrètes et les coups tordus pour le compte du MI6, le 11e Choc servit de bras armé au SDECE après la seconde guerre mondiale. Selon le spécialiste du Gladio français Brozzu-Gentile, « les instructeurs du réseau stay-behind français étaient tous membres ou proches du SDECE ». [34] En 1990, la presse française révéla que les Gladiateurs français avaient été formés au maniement des armes, à l’utilisation des explosifs et de transmetteurs radio au Centre d’Entraînement des Réserves Parachutistes (CERP) du 11e Choc à Cercottes, près d’Orléans ainsi que sur deux autres sites d’entraînement du 11e, l’un dans les Pyrénées, près de la frontière espagnole, l’autre à Calvi, en Corse, non loin du quartier général sarde du Gladio italien. [35] 

En tant qu’unité d’élite spécialisée dans la guerre secrète et les coups tordus, le 11e Choc opérait surtout en Indochine et en Afrique où la France d’après-guerre tentait désespérément de garder ses colonies du Vietnam et d’Algérie. « L’unité chargée des sales besognes, le fer de lance des opérations clandestines pendant la guerre d’Algérie de 1954 à 1962 était clairement le 11e Bataillon de Parachutistes de Choc », indiqua le spécialiste des services secrets Roger Faligot. [36] En 1954, 300 hommes de cette force spéciale furent déployés en Algérie. La plupart d’entre eux avaient une bonne expérience des missions clandestines et de la contre-guérilla puisqu’ils venaient directement du Vietnam où la France avait dû renoncer à ses colonies la même année après la défaite de Dien Bien Phu. L’un des plus fameux membres du 11e fut Yves Guérain-Sérac, un célèbre soldat de l’ombre qui avait servi en Corée et au Vietnam et qui fut plus tard directement impliqué dans les opérations de l’armée anticommuniste secrète portugaise. Depuis sa cellule, le soldat du Gladio italien et terroriste d’extrême droite Vincenzo Vinciguerra avoua son admiration pour la personnalité fascinante et les compétences inégalées de stratège de la terreur de Guérain-Sérac. [37] 

Opération Résurrection 

À mesure que s’intensifiaient la guerre secrète contre les communistes en France et celle contre le Front de Libération Nationale en Algérie, cette stratégie révéla ses limites lorsque les politiciens à Paris perdirent le contrôle des combattants de l’ombre, ce qui provoqua dans le pays une grave crise qui précipita la fin de la IVe République. En mai 1958 débuta véritablement la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Le gouvernement affaibli de la IVe République ne savait trop comment réagir tandis que les services secrets et les militaires français étaient fermement décidés à tout faire pour que l’Algérie demeure une colonie française. Dans les rangs du SDECE et de l’armée, nombreux étaient ceux qui jugeaient les responsables politiques de la IVe comme « faibles, corrompus ou corruptibles, une catégorie d’hommes pusillanimes et prêts à abandonner et à fuir l’Algérie ». [38] Lorsque les premiers prisonniers français furent exécutés par le FLN, les stratèges de la guerre secrète au sein des services secrets français et de l’armée entreprirent de fomenter un coup d’État pour remplacer le gouvernement de Paris par un autre régime. 

Le 11e Choc joua alors un rôle majeur des deux côtés de la ligne de front. Le 24 mai 1958, des soldats basés à Calvi, sur la côte nord de la Corse, déclenchèrent la première phase de l’opération en déployant des commandos de parachutistes sur toute l’île. Le bruit courut bientôt que les soldats de l’ombre comptaient renverser le gouvernement légitime et remettre au pouvoir le général de Gaulle. D’autres membres du 11e qui désapprouvaient cette guerre antidémocratique contre Paris, quittèrent leur base de Cercottes le même jour et se rassemblèrent afin de défendre les cibles visées par les comploteurs gaullistes et les unités paramilitaires qui les soutenaient. [39] L’une de ces cibles était le chef du SDECE en personne, le général Paul Grossing. Quand ce dernier eut connaissance du plan, il fit immédiatement protéger le siège du SDECE, boulevard Mortier, par des éléments du 11e qui lui étaient restés fidèles. 

En ce mois de mai 1958, la France bascula dans le chaos. Le patron de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) Roger Wybot était sur le point d’activer un plan secret anticommuniste baptisé « Opération Résurrection ». Ce plan, qui incluait notamment le parachutage de troupes du 11e Choc, visait à contrôler en très peu de temps les centres vitaux de Paris : le ministère de l’Intérieur, le siège de la police, les immeubles de la télévision et de la radio, les centrales électriques et d’autres endroits stratégiques de la capitale. « Le plan prévoyait également l’arrestation d’un certain nombre de personnalités politiques parmi lesquelles : François Mitterrand, Pierre Mendès France, Edgar Faure, Jules Moch ainsi que l’ensemble des cadres du parti communiste. » [40] 

Mais le 27 mai, « quelques heures à peine avant le déclenchement de l’Opération Résurrection sur la capitale française  », de Gaulle annonça qu’il avait « entamé la procédure régulière nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain ». [41] Se succédèrent ensuite une foule d’actions rapides et capitales qui scellèrent le sort de la IVe République. Le 28 mai, le Premier ministre Pierre Pflimlin donna sa démission. Le lendemain matin, le Président de la République René Coty déclara qu’il avait appelé de Gaulle à former un gouvernement. À peine 24 heures plus tard, le général se présenta devant l’Assemblée nationale et sollicita les pleins pouvoirs pour gouverner par décrets pendant les 6 mois à venir, imposa 4 mois de « vacances » aux députés et demanda la possibilité de soumettre lui-même un projet de nouvelle Constitution. Ses propositions furent votées à 329 voix contre 224. « La IVe République préféra se suicider plutôt que de se faire assassiner par (…) l’armée et ses services de sécurité. » [42] 

Parmi les militaires et les membres des services secrets qui avaient soutenu le coup de force de de Gaulle, bon nombre espéraient que le général ferait le choix ferme de l’« Algérie française », c’est-à-dire qu’il ferait tout pour qu’elle reste sous la tutelle coloniale de la France. À leur grand étonnement, de Gaulle, avec le soutien de nombreux hommes politiques de la IVe République, proclama le droit des Algériens à l’autodétermination, ce qui conduisit à l’indépendance du pays en 1962. Les soldats de l’ombre étaient furieux. « Suivant l’exemple du général de Gaulle, les Présidents de la Ve République se détournèrent progressivement de leurs services secrets jusqu’à les considérer non plus comme un atout mais comme une charge. » [43] Les combattants des armées secrètes étaient divisés : fallait-il suivre les ordres de de Gaulle et se retirer d’Algérie ou lutter contre le gouvernement français ? L’ultime trahison du 11e Choc eut lieu en 1961, quand la plupart de ses membres choisirent l’Algérie française et, afin de promouvoir leur politique, fondèrent avec des officiers de l’armée Française l’Organisation de l’Armée Secrète. Les deux buts déclarés de l’OAS étaient : garder le contrôle de l’Algérie coloniale, ce qui impliquait de continuer le combat contre le FLN par tous les moyens, quels que soient les ordres de Paris ; ensuite, renverser la Ve République du Président de Gaulle et la remplacer par un État autoritaire et résolument anticommuniste. 

Le coup d’État des généraux 

L’OAS passa à l’action le 22 avril 1961, quand 4 généraux de l’armée française emmenés par le général Challe s’emparèrent du pouvoir en Algérie dans l’espoir de la maintenir sous le contrôle français. Il semble que des soldats de l’armée stay-behind de l’OTAN soutenue par la CIA et qui avaient rejoint les rangs de l’OAS aient été impliqués dans ce coup d’État. Les combattants de l’ombre « rallièrent un groupe de généraux qui résistaient, parfois par la violence, aux tentatives de de Gaulle de négocier l’indépendance de l’Algérie et la fin de la guerre », écrivit l’auteur états-unien Jonathan Kwitny dans son article sur les armées secrètes d’Europe de l’Ouest. [44] Il serait nécessaire d’enquêter plus à fond sur cette implication du réseau stay-behind français dans le coup d’État de 1961 qui constitue l’un des pans les plus délicats de l’histoire de la guerre clandestine en France. Les preuves dont nous disposons aujourd’hui indiquent que les armées stay-behind jouèrent un rôle dans les putschs de 1967 en Grèce, de 1980 en Turquie et dans celui qui échoua à renverser le gouvernement français en 1961. [45] 

Tout porte à croire que ce coup d’État fomenté contre de Gaulle avait reçu l’approbation de la CIA et de son directeur Allen Dulles ainsi que des partisans de la guerre secrète au sein de l’OTAN et du Pentagone à Washington. Immédiatement après la tentative de putsch, « des porte-parole de l’Élysée » avaient laissé « entendre que le complot ourdi par les généraux avait bénéficié du soutien des responsables les plus farouchement anticommunistes de l’armée et du gouvernement américains », put-on lire dans le Washington Star. « À Paris comme à Washington, les faits sont maintenant avérés, même s’ils ne seront jamais reconnus publiquement », écrivit Claude Krief, dès mai 1961, dans les colonnes de l’hebdomadaire L’Express. « Les plus hauts personnages de l’État français l’admettent volontiers en privé : la CIA a joué un rôle direct dans le coup d’État d’Alger, et elle est certainement pour beaucoup dans la décision du général Challe de déclencher ce putsch. » Peu avant les faits, Challe avait occupé les fonctions de commandant en chef des Forces Alliées en Europe Centrale, ce qui impliquait des liens étroits, non seulement avec le Pentagone et des représentants des États-Unis mais aussi avec le réseau stay-behind de l’OTAN, ainsi que des contacts quotidiens avec des officiers de l’armée états-unienne. Challe avait donc, concluait Krief, agi sous les ordres directs de la CIA : « Tous ceux qui le connaissent bien sont profondément convaincus que la CIA l’a encouragé à poursuivre dans cette voie  ». [46] 

Au moment où Krief publia son article sur le coup d’État fomenté contre le général de Gaulle avec l’appui de la CIA, l’existence des armées secrètes stay-behind n’avait pas encore été révélée. Mais en se penchant sur la guerre clandestine internationale, Krief indiquait que 10 jours avant le coup, le 12 avril 1961, une réunion secrète s’était tenue à Madrid, en présence de « nombreux agents représentant différents pays, parmi lesquels plusieurs des conspirateurs d’Alger qui firent part de leurs plans aux agents de la CIA également présents ». Au cours de cette réunion, les États-uniens auraient déclaré avec colère que la politique menée par de Gaulle « paralysait l’OTAN et rendait impossible la défense de l’Europe », et auraient assuré aux généraux putschistes, dont Challe, que si eux ou leurs successeurs réussissaient, Washington reconnaîtrait le nouveau gouvernement algérien dans les 48 heures. [47] De Gaulle, qui tentait par diverses manœuvres et tactiques de rendre la France et l’Europe moins dépendantes des USA et de l’OTAN, fut furieux de la fourberie de la CIA. On ignore si le Président Kennedy, qui préparait alors le débarquement de la baie des Cochons du 15 avril devant permettre de renverser Fidel Castro, avait été informé du putsch d’Alger. On sait simplement qu’il fut furieux de l’échec de la CIA à Cuba et que Washington ne s’empressa pas de reconnaître le régime instauré à Alger par les généraux. Celui-ci tint 4 jours avant de s’effondrer. Le premier quotidien français, Le Monde, résuma ainsi l’affaire : « Le comportement des États-Unis pendant la récente crise ne fut pas particulièrement adroit. Il semble établi que des agents américains ont plus ou moins encouragé Challe » tandis que « bien entendu, Kennedy ignorait tout de la situation ». [48] 

L’Organisation de l’armée secrète (OAS) 

Après l’échec du coup d’État, les soldats de l’ombre devinrent totalement incontrôlables. L’OAS se livra rapidement à des assassinats de représentants du gouvernement algérien, à des massacres arbitraires de civils musulmans et à des braquages de banques. [49] En novembre 1961, les combattants de l’OAS opéraient sans retenue dans les rues d’Alger, perpétrant d’innombrables crimes dans l’espoir de saboter le début de processus de paix qui devait conduire à l’indépendance de l’Algérie. Les militaires et policiers français eurent beaucoup de mal à lutter contre l’OAS car nombre d’entre eux le faisaient à contrecœur et échouaient même délibérément tant ils approuvaient les buts politiques poursuivis par l’Organisation. Alors que la violence redoublait, l’OAS porta le combat sur le sol français et assassina le maire d’Évian où se tenaient les pourparlers entre les représentants du gouvernement et ceux du FLN. Elle s’en prit même au gouvernement de Paris et de Gaulle échappa de peu, le 8 septembre, à une tentative d’assassinat à Pont-sur-Seine. Les services français rendirent coup pour coup : en novembre 1961, six cafés d’Alger connus pour être fréquentés par des sympathisants de l’OAS furent éventrés par des explosions. 

En dehors de la France, les soldats de l’armée secrète menaient aussi des opérations dans d’autres pays d’Europe tels que l’Espagne, la Suisse et l’Allemagne où des escadrons spéciaux du 11e Choc organisèrent l’assassinat de leaders du FLN, de leurs soutiens financiers et de leurs fournisseurs d’armes. [50] En Allemagne, les soldats de l’ombre auraient coopéré avec les membres du réseau stay-behind local et les services secrets allemands, le BND. Les Allemands mirent à la disposition du 11e Choc leur centre d’entraînement pour parachutistes d’Altenstadt, en Bavière, qui servit de base arrière pour leurs missions dirigées contre le FLN. « Des membres de Gladio et de nombreux agents du BND y furent également recrutés en vue d’autres opérations spéciales », souligne le spécialiste des services secrets allemands Erich Schmidt Eenboom. Les Français qui se livrèrent à ces assassinats d’activistes du FLN en Allemagne ne furent jamais pris. « La police semblait incapable d’attraper les auteurs de ces attaques éclair », écrit Eenboom. [51] 

La guerre secrète fit sombrer la France dans un cauchemar de violence, les deux camps faisant preuve d’une brutalité croissante. Au plus fort des tensions, Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, imposa le couvre-feu suite à la mort de 11 de ses agents. Le FLN, qui avait perpétré ces attaques, y répondit en organisant, dans la capitale, une marche de protestation à laquelle participèrent près de 40 000 Algériens, le 17 octobre 1961. Papon, reconnu coupable depuis d’avoir été impliqué dans la déportation de plus de 1 500 Juifs sous l’occupation allemande, donna l’ordre à ses services de réprimer brutalement la manifestation ; s’ensuivit un véritable massacre. [52] D’après le témoignage de Constantin Melnik daté de 1988, au moins 200 personnes – et vraisemblablement plus près de 300 – furent abattues par des policiers désirant se venger après la mort de leurs collègues. [53] Melnik fut le conseiller à la sécurité du gouvernement du général de Gaulle et le grand patron des services secrets entre 1959 et 1962. Lorsqu’on l’interrogea sur le réseau stay-behind, il insista sur la menace que représente toute armée secrète : « N’importe quel groupe d’hommes avec le matériel radio et l’entraînement nécessaires constituerait un réel danger pour la sécurité de la France ». [54] « J’ai vu des gens s’écrouler dans des mares de sang. Certains étaient battus à mort. Les corps étaient entassés dans des bennes avant d’être jetés à la Seine depuis le pont de la Concorde », témoigna Saad Ouazene, un ouvrier métallurgiste de 29 ans sympathisant du FLN. « Si je n’avais pas eu ma force pour moi, je n’en serais jamais sorti vivant », ajouta l’homme qui s’en était tiré avec une fracture du crâne. « Dès que les Algériens sortaient des bus à la porte de Versailles, ils recevaient des coups à la tête », se souvint le policier français Joseph Gommenginger, en service cette nuit-là. « Ceux qui menaient ces ratonnades m’ont même menacé. Ils avaient enlevé le matricule de leur uniforme. J’étais révolté. Je n’aurais jamais cru la police capable de ça. » Dans les jours qui suivirent le massacre, on repêcha des dizaines de corps dans la Seine, y compris jusqu’à Rouen. [55] Aucune enquête officielle n’ayant été ouverte, le magazine Les Temps Modernes de Jean-Paul Sartre qualifia cet épisode de véritable pogrom. [56] 

La guerre secrète conduite par l’OAS avec le renfort de combattants des réseaux stay-behind de l’OTAN ne parvint ni à renverser de Gaulle, ni à empêcher l’Algérie de devenir indépendante. Les accords mettant un terme aux hostilités et proclamant l’indépendance du pays furent finalement signés entre le FLN et le gouvernement français à Évian en mars 1962, entraînant l’effondrement de l’OAS qui déclara la trêve le 17 juin 1962, environ un an après sa création. Seule une fraction d’irréductibles de l’Organisation, avec à leur tête le colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, refusèrent de déposer les armes et fomentèrent un autre attentat contre le général de Gaulle, au Petit Clamart, le 22 août 1962. De Gaulle, faisant, comme à son habitude, peu de cas de sa propre sécurité, fut scandalisé qu’on ait pu ainsi l’attaquer alors qu’il se trouvait en compagnie de sa femme et en fit une affaire personnelle. En septembre, les hommes de l’OAS impliqués dans la tentative d’attentat furent arrêtés à Paris. Ils furent tous condamnés à mort, mais seul Bastien-Thiry fut finalement exécuté. [57] La majorité des soldats du 11e Choc, dont beaucoup avaient rejoint les rangs de l’OAS, virent leur carrière interrompue. Les autres furent placé sous étroite surveillance par les autorités gaullistes. 

La rupture avec l’OTAN 

L’armée secrète formée par la CIA et destinée par l’OTAN à combattre le communisme avait donc, dans le contexte de chaos et de violence de la crise algérienne, été impliquée dans des activités internes que ne venait justifier aucune invasion soviétique. Le danger de la guerre secrète résidait, dans ce cas, dans l’absence totale de contrôle exercé par les institutions et, parfois même, par le gouvernement sur les combattants clandestins. En 1990, l’amiral Pierre Lacoste, directeur des services secrets militaires français de 1982 à 1985, confirma que « des actions terroristes » contre le général de Gaulle et le processus de paix algérien avaient été menées par des groupes « d’un petit nombre d’hommes » du réseau stay-behind français. Cependant, l’amiral souligna que ces opérations antigaullistes furent les seuls actes commis par le Gladio français à l’intérieur des frontières nationales et précisa que, durant le temps qu’il avait passé à la tête des services secrets, il avait lui aussi partagé la conviction que les plans de réserve d’invasion conçus par les Soviétiques justifiaient pleinement le programme stay-behind. [58] 

Charles de Gaulle eut plus que quiconque le temps de connaître les rouages de la guerre secrète qui se livra en France, avant de laisser sa place à Georges Pompidou en avril 1969 et de mourir un an plus tard, à l’âge de 80 ans, en regardant, paraît-il, une série télévisée sentimentale. Le général avait commandé la Résistance contre l’occupant allemand, il avait eu recours à des manœuvres clandestines pour accéder au pouvoir à la fin de la IVe République et, sous la Ve, il avait été la cible de coups d’État et de tentatives d’assassinat. Bien avant que ne soient révélée publiquement l’existence des armées secrètes de l’OTAN, de Gaulle avait envié les États-Unis en considérant sa position isolée en Europe de l’Ouest et avait dans le même temps cultivé une certaine méfiance à l’égard de la CIA qu’il soupçonnait de recourir à la manipulation et à des opérations de guerre clandestines. En accédant au pouvoir, le général avait affirmé son intention de faire appliquer sa politique étrangère uniquement par ses diplomates et non par des « services secrets irresponsables », qui avaient d’ailleurs reçu l’ordre de couper les ponts avec la CIA de laquelle dépendait une bonne partie de leurs activités de renseignement. [59] Pour lui, « l’État français était assailli par des forces occultes. Qui en était responsable ? Sûrement la CIA, pensait-il ». [60] 

Quand l’OTAN fut créée en 1949, son quartier général, abritant notamment les bureaux du SHAPE, fut construit en France. Celle-ci se trouvait donc particulièrement exposée aux opérations secrètes de l’OTAN et de la CIA, ce que déplorait de Gaulle, car le CPC, le comité directeur du réseau secret Gladio, était lui aussi situé à Paris, comme le révéla un document italien daté de juin 1959 et intitulé : « Les Forces Spéciales du SIFAR et l’Opération Gladio » : « (…) En ce qui concerne l’OTAN, il faut signaler les activités suivantes : 1. L’activité du CPC (Clandestine Planning Committee) de Paris rattaché au SHAPE ». [61] En outre, l’autre organe de commandement de Gladio, l’ACC se réunissait lui aussi régulièrement à Paris. Ce fut donc un véritable choc à Washington lorsqu’en février 1966, et pour des raisons stratégiques et personnelles qui font toujours débat parmi les historiens, de Gaulle décida de défier la suprématie de Washington et ordonna à l’OTAN et aux USA soit de placer leurs bases militaires présentes sur le territoire français sous le contrôle de Paris, soit de les démanteler. Les États-Unis et l’Alliance Atlantique ne répondirent pas à cet ultimatum, sur quoi le général prit la décision historique de faire sortir la France de l’organisation militaire de l’OTAN le 7 mars 1966 et d’expulser l’ensemble de ses structures et de ses agents du territoire français. À la grande colère de Washington et du Pentagone, le quartier général européen de l’OTAN dut donc être transféré en Belgique. À Bruxelles, Mons et Casteau furent construits les nouveaux bâtiments qui abritent encore aujourd’hui le siège de l’OTAN en Europe. C’est ce que confirma par la suite l’enquête parlementaire belge sur Gladio et les opérations de guerre clandestine : « En 1968, le siège du CPC déménagea à Bruxelles ». [62] Les recherches effectuées en Belgique révélèrent également que la dernière réunion internationale de l’ACC, le centre de commandement des opérations de guerre clandestine, à Bruxelles eut lieu les 23 et 24 octobre 1990. [63] 

L’auteur belge spécialiste du Gladio Jan Willems souligna que, quand de Gaulle retira l’armée française du commandement militaire intégré de l’OTAN, cela entraîna l’annulation de certains accords secrets passés entre la France et les États-Unis. « C’est à cette occasion que fut révélée l’existence de protocoles secrets portant sur la lutte contre la subversion communiste, signés bilatéralement par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN. » [64] De Gaulle dénonça ces protocoles comme une violation de la souveraineté nationale. On découvrit des clauses secrètes similaires dans d’autres pays membres de l’Alliance. Giuseppe de Lutiis découvrit qu’au moment d’intégrer l’OTAN en 1949, l’Italie avait signé, outre le Pacte Atlantique, toute une série de protocoles secrets prévoyant la création d’une organisation non officielle « chargée de garantir l’alignement de la politique intérieure italienne sur celle du bloc de l’Ouest par tous les moyens nécessaires, même si la population devait manifester une inclination divergente ». [65] Dans un article consacré à Gladio, le journaliste américain Arthur Rowse écrivit qu’une « clause secrète du traité initial de l’OTAN de 1949 stipulait que tout pays candidat à l’adhésion devait avoir établi au préalable une autorité de Sécurité nationale de lutte contre le communisme basée sur des groupes clandestins de citoyens ». [66] 

Cela a de quoi surprendre, mais même après les épisodes douloureux de la crise algérienne, les unités secrètes stay-behind ne furent pas définitivement dissoutes en France, elles firent l’objet d’une simple restructuration. En 1998, le spécialiste des services secrets Jacques Baud observa à juste titre que « bien que les preuves manquent, certains experts ont laissé entendre que les activités du réseau stay-behind français ont été menées sous couvert du Service d’Action Civique ». [67] Après la dissolution de l’OAS, de Gaulle aurait fait en sorte d’affaiblir le réseau Rose des Vents tout en renforçant son « Service d’Action Civique », ou SAC. Le SAC était une sorte de garde prétorienne gaulliste, un sanctuaire de gaullisme à l’état pur reflétant la méfiance du général à l’égard de tous les partis politiques, fut-ce le sien. La mission dont s’étaient eux-mêmes investis ces hommes était de soutenir l’action du général de Gaulle. [68] Fondé au lendemain de la guerre, le SAC était le bras armé du RPF, le Rassemblement du Peuple Français, qui tentait en vain de constituer une opposition aux communistes et aux socialistes français. Fondé officiellement comme un service d’ordre, le SAC était en réalité la section anticommuniste du RPF chargée des sales besognes. Ses unités menaient des opérations clandestines contre les ouvriers grévistes ou contre les militants communistes qui s’étaient fait une spécialité de perturber par leurs cris les discours lors des meetings gaullistes. Les hommes du SAC étaient également chargés de la protection des politiciens et des groupes de colleurs d’affiches du RPF. [69] 

Mais, malgré les agissements de son bras armé le SAC, le RPF ne parvint pas à remporter d’élections sous la IVe République ; il fut donc dissous en 1954. Cependant ses éléments les plus loyaux restèrent apparemment en contact puisqu’ils prirent part au coup de 1958 qui mit fin à la IVe République et remit de Gaulle au pouvoir. Jacques Foccart, le directeur et idéologue du SAC, en bon guerrier de l’ombre et partisan du général, prit en charge la coordination des opérations, grâce à ses relations au sein des services secrets, de l’armée et parmi les anciens résistants, pour organiser, le 24 mai 1958, l’occupation de la Corse par les soldats du 11e Choc basés à Calvi. [70] C’est ce qui amena l’expert en services secrets Porch à conclure que le SAC et Foccart ont véritablement « accouché du retour de de Gaulle au pouvoir en 1958 ». [71] 

Le rôle joué par Foccart dans la guerre secrète qui se livra en France reste flou. « L’étendue des pouvoirs dont dispose Foccart est aussi mystérieuse que la manière dont il les a acquis à l’origine. » [72] Natif de Guadeloupe, l’homme fut mobilisé au début de la seconde guerre mondiale en 1939 mais parvint à s’échapper lors de la capitulation de la France. Il collabora ensuite avec l’armée allemande, mais vers la fin de la guerre, changea une nouvelle fois de camp et rejoignit la Résistance en Normandie. Il reçut même la médaille de la Liberté de l’armée états-unienne. [73] Après l’armistice, Foccart entra dans l’entourage proche du général de Gaulle et créa le SAC. Le centre d’entraînement pour les opérations spéciales qu’il fonda à Cercottes, près d’Orléans, « devint un lieu de pèlerinage pour les membres du SAC dans les années cinquante ». [74] Dans les années d’après-guerre, le service comptait près de 8 000 « réservistes », parmi lesquels des membres actifs du Service Action du SDECE et de son unité d’élite, le 11e Choc. Tous s’entraînaient à Cercottes et, après les révélations de 1990, le centre fut considéré comme l’un des principaux sites de formation des Gladiateurs français. [75] 

En l’absence d’enquête officielle sur l’histoire de l’armée secrète française, il est pour l’heure difficile pour les chercheurs de distinguer les différences entre le réseau stay-behind Rose des Vents et le SAC, cela mériterait de faire l’objet d’études approfondies. Il semble cependant que le SAC se soit lui aussi livré à des opérations anticommunistes secrètes. Il aura fallu attendre l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 pour que soit ouverte une enquête parlementaire. Quand en juillet 1981, à Marseille, un ancien chef du SAC, l’inspecteur de police Jacques Massié, fut retrouvé mort avec toute sa famille, les députés communistes exigèrent une enquête sur le Service d’Action Civique. En décembre de la même année, après six mois d’auditions, la commission parlementaire rendit un rapport volumineux dans lequel elle concluait que les activités des agents du SDECE, du SAC et de l’OAS en Afrique étaient « intimement liées ». Les députés découvrirent que le financement du SAC avait des origines troubles et provenait notamment des fonds du SDECE et du trafic de stupéfiants. [76] 

« Les émeutes étudiantes de mai 1968 constituaient le champ d’action typique d’un réseau “Gladio”  », commenta l’Intelligence Newsletter après les révélations de 1990. [77] La commission parlementaire réunie pour enquêter sur le SAC avait en effet découvert que le Service avait enregistré des effectifs records durant les troubles de mai 68, avec pas moins de 30 000 membres. Il est donc envisageable qu’il soit intervenu pendant les émeutes. En 1981, le SAC comptait toujours 10 000 adhérents. « On estime que 10 à 15 % d’entre eux étaient des policiers. Mais il comptait également dans ses rangs des opportunistes, des gangsters et des partisans de l’extrême droite. » [78] La commission dénonça le SAC comme une dangereuse armée secrète, qui avait servi de police parallèle, avait infiltré des organisations publiques afin d’influer sur leurs décisions et avait commis des actes de violence. En conclusion de ce qui constituait alors l’enquête parlementaire la plus approfondie jamais menée sur un réseau secret en France, les députés jugèrent l’existence du SAC « incompatible avec les lois de la République », sur quoi le gouvernement de François Mitterrand ordonna son démantèlement en juillet 1982. [79] 

Un nettoyage toujours annoncé, jamais réalisé 

Le gouvernement Mitterrand, de plus en plus préoccupé par le rôle joué par les services secrets dans les démocraties modernes, s’en prit aux services secrets militaires français qui se trouvaient depuis des années au coeur des opérations clandestines menées en France. Une enquête parlementaire diligentée en 1982 sur les agissements des services de renseignement et conduite par le député socialiste Jean-Michel Bellorgey conclut que des agents du renseignement agissant sous l’emprise de la paranoïa typique de la guerre froide et obsédés par « l’ennemi interne » avaient enfreint la loi à plusieurs reprises tandis que les services secrets accumulaient « échecs, scandales et opérations douteuses ». [80] À la lecture de cette conclusion édifiante, Mitterrand appuya la requête des communistes, qui, avec le soutien d’un groupe de socialistes, demandaient depuis longtemps la dissolution pure et simple du SDECE. 

Mais cette décision lourde de conséquences ne fut finalement pas prise et le SDECE ne fut pas démantelé mais tout juste réformé. Son nom fut changé en Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) à la tête de laquelle fut nommé l’amiral Pierre Lacoste. En collaboration avec l’OTAN, celui-ci continua à diriger l’armée secrète placée sous sa responsabilité et, en 1990, suite aux révélations sur Gladio, il défendit sa conviction selon laquelle les plans de réserve d’invasion conçus par les Soviétiques justifiaient pleinement le programme stay-behind. [81] L’« Opération Satanique » au cours de laquelle le 10 juillet 1985 des agents de la DGSE firent exploser le Rainbow Warrior, le navire de Greenpeace qui protestait pacifiquement contre les essais nucléaires français en Polynésie, mit un terme à la carrière de l’amiral Lacoste. En effet, quand fut découverte son implication dans l’affaire ainsi que celle du ministre de la Défense Charles Hernu et du président Mitterrand lui-même, Lacoste n’eut d’autre choix que de démissionner. 

En mars 1986, la droite remporta les élections législatives, instaurant un régime de cohabitation entre le président socialiste Mitterrand et son Premier ministre gaulliste Jacques Chirac. En 1990, quand se multiplièrent les révélations sur les armées secrètes en Europe, Chirac ne fut pas véritablement enthousiaste à l’idée de voir révélée au grand jour toute l’histoire de l’armée secrète française. Une telle investigation aurait pu ruiner la si brillante carrière politique de celui qui deviendrait un jour président de la République, d’autant plus qu’en 1975, Chirac avait lui-même présidé le Service d’Action Civique. 

La France eut ainsi beaucoup de mal à assumer l’histoire de son combat secret contre le communisme. Il n’y eut aucune enquête officielle. Les représentants du gouvernement tentèrent de minimiser les dégâts par des mensonges et demi-vérités. Le 12 novembre 1990, le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement reconnut à regret devant la presse qu’«  il [était] exact qu’une structure [avait] existé, bâtie au début des années cinquante et destinée à assurer la liaison avec un gouvernement forcé de se réfugier à l’étranger dans l’hypothèse d’une occupation », suite à quoi le ministre mentit en affirmant : « Cette structure a été dissoute sur ordre du Président de la République. Pour autant que je sache, elle n’a eu qu’un rôle de réseau dormant et de liaison ». [82] Le lendemain, le président Mitterrand dut affronter les questions de la presse. « Quand je suis arrivé au pouvoir », prétendit-il, « il n’y avait plus grand chose à dissoudre. Il ne restait plus que quelques rares éléments dont j’ai été surpris d’apprendre l’existence puisque tout le monde les avait oubliés. » [83] Le Premier ministre Chirac refusa de s’exprimer sur le sujet. Mais son homologue italien Giulio Andreotti n’apprécia pas de voir le gouvernement français minimiser ainsi sa responsabilité dans l’affaire Gladio et remettre en cause ses propres affirmations selon lesquelles Gladio avait existé dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. Andreotti déclara donc à la presse que, loin d’être dissoute depuis longtemps, l’armée secrète française avait même envoyé ses représentants à la réunion de l’ACC qui s’était tenue les 23 et 24 octobre 1990 à Bruxelles, provoquant ainsi un embarras considérable en France. 

Source : www.voltairenet.org  

 

18 avril, 2011 à 22:18 | Commentaires (0) | Permalien


Le discours révolutionnaire de Bouteflika, pourvu qu’il soit réel.

L’enjeu national majeur était, au début de la décennie écoulée, d’éteindre le feu de la Fitna, d’œuvrer au rétablissement de la paix et de la concorde  et de consacrer la réconciliation nationale. Grâce à Dieu et à votre engagement à mes côtés, ces objectifs ont été atteints conformément à nos valeurs séculaires de clémence et de pardon. Les craintes se sont dissipées et les esprits apaisés.


Avec le retour de la paix, il devenait impératif de dépasser les séquelles de la destruction et de rattraper les retards accumulés. A cet effet, nous avions engagé successivement deux gigantesques programmes d’investissements publics à tous les niveaux. Le troisième programme est en cours de réalisation.

Ces programmes ont incontestablement porté leurs fruits et les années 2000 furent riches en réalisations à tous les niveaux et sur tout le territoire national, notamment en matière d’infrastructures de base et d’équipements socio-économiques.

Dans le même temps, le déficit en logements a été considérablement  pallié par la réalisation, tous les cinq ans, d’un million de logements et le chômage a été également résorbé dans une large proportion. Le pays a renoué avec ses principes de justice sociale et de solidarité nationale, en témoignent les importants transferts sociaux et les multiples formes d’aide octroyées par l’État pour subventionner les produits de première nécessité et améliorer les services publics.

Ces réalisations ont été accompagnées par le règlement anticipé de la dette extérieure par l’Algérie qui a retrouvé la place qui est sienne aux niveaux africain, arabe et international dans le cadre du respect mutuel.

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

L’Algérie suit, naturellement, les mutations en cours sur la scène internationale, particulièrement celles survenues dans certains pays arabes. Face à cette situation, l’Algérie réaffirme son attachement à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale.

Au plan national et dès lors que nous vivons dans une société pluraliste, il est tout à fait naturel que des courants se préoccupent des vents de changement qui soufflent sur la région.

Il est évident que nous penchions plus vers les positions des forces politiques imprégnées du sens nationaliste qui bannissent toute ingérence dans les affaires des autres et rejettent, en contrepartie, toute ingérence étrangère dans les leurs.

C’est là la position de la majorité écrasante de notre peuple qui suit avec intérêt les différentes initiatives et qui est en droit de s’exprimer quand la stabilité du pays est menacée.

Tous les peuples, particulièrement les jeunes, aspirent au progrès social et économique et à davantage de justice et de liberté, et plus encore à une meilleure gouvernance. La démocratie, la liberté, la justice et l’État de droit sont autant de revendications légitimes que nul ne saurait ignorer.

Notre peuple est jeune et ambitieux, d’où la nécessité de satisfaire, jour après jour, aux multiples revendications dans tous les domaines et nous sommes aujourd’hui, plus que jamais, interpellés pour opérer des réformes  socio-économiques et politiques.

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

Sur cette base, nous avons engagé des actions pour satisfaire les revendications sociales légitimes de nos citoyens. Un nouveau mécanisme a été mis en place pour stabiliser les prix des produits alimentaires de base qui connaissent une flambée sur les marchés internationaux.

L’investissement a été soutenu par d’importantes mesures incitatives à travers l’accès au foncier et une plus grande disponibilité des crédits bancaires. Ces mesures favoriseront la création de richesses et l’amélioration de l’offre d’emploi.

Les différents dispositifs de soutien destinés aux jeunes et aux sans emploi désirant créer leurs propres micro‑entreprises ont été également renforcés.

Parallèlement, les mécanismes de l’État visant à encourager l’emploi de jeunes diplômés ont été améliorés aux plans qualitatif et quantitatif. La durée des contrats a été prolongée, ces contrats sont devenus renouvelables et les bénéficiaires deviennent prioritaires lors de la titularisation.

Concernant l’habitat, un effort incommensurable est consenti depuis 2000 à ce jour à travers la satisfaction d’une grande partie de la demande et la réduction de la protestation.

Je demeure convaincu, en dépit du programme ambitieux en cours de réalisation, que de nouvelles demandes seront exprimées. Des demandes que nous devrons prendre en charge en toute objectivité et avec mesure.

L’actuel programme quinquennal prévoit la réalisation de deux millions de logements dont plus d’un million seront délivrés avant 2014.

Nous avons décidé de promouvoir l’accès des citoyens à l’habitat rural y compris au niveau des petites agglomérations et de permettre au plus grand nombre de familles désireuses de construire ou d’acquérir un logement de bénéficier de prêts à cet effet.

En résumé, les réalisations sont palpables et les statistiques connues de tous. Elles appartiennent exclusivement à la collectivité nationale et nul ne pourrait faire croire que les fruits du développement ne profiteraient qu’à certaines catégories sociales. Cependant, peut-on affirmer que tout va pour le mieux ?

A l’évidence non ! Des fléaux sociaux tels la corruption, le népotisme et le gaspillage sévissent et l’État s’emploie à les combattre avec vigueur et détermination.

Voilà une autre bataille qu’on ne peut remporter qu’avec la participation de toutes les catégories de la population, car tout ce qui est réalisé l’est pour vous, avec vous et grâce à vous.

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

D’importantes mesures seront prochainement prises qui insuffleront un nouvel élan à la gestion de nos programmes et à la dynamisation de l’appareil de l’État. Elles viendront conforter la lutte contre la bureaucratie et les dysfonctionnements enregistrés au sein de notre Administration et faire face à toute atteinte aux deniers publics.

Une concertation sera engagée cette année au niveau local avec les citoyens, les élus, le mouvement associatif et l’Administration pour définir les objectifs d’un meilleur développement local et les adapter aux attentes de la population.

Dans ce contexte, une action sérieuse sera engagée en direction de l’entreprise économique, publique ou privée, en ce sens qu’elle constitue, par excellence, la source génératrice de richesse et d’emploi, dans le but d’assurer son développement et sa modernisation.

La promotion et la mise à niveau de l’entreprise tendent essentiellement à consolider la croissance économique du pays, à relever le niveau de productivité et à améliorer la compétitivité.

A cet effet, le gouvernement doit élaborer un programme national d’investissement destiné aux entreprises économiques, tous secteurs d’activités confondus, en concertation avec tous les opérateurs économiques et sociaux.

Le gouvernement doit également réunir les conditions optimales pour libérer les initiatives à travers l’amélioration de l’environnement de l’entreprise et, en général, l’instauration d’un climat propice aux affaires et à l’investissement.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

L’Algérie a engagé, depuis plus de deux décennies, un pluralisme politique pour lequel le peuple a payé un lourd tribut, sans aide ni assistance de quiconque de par le monde.

Le pluralisme politique dans notre pays est illustré par l’existence d’une trentaine de partis politiques et d’un parlement pluriel. Le pluralisme se traduit aussi par la liberté d’expression, une réalité que reflètent nos médias de par leur diversité et par l’audace dans le ton qui les caractérise.

Nous pouvons être fiers d’appartenir à un pays où la liberté d’expression est une réalité palpable, un pays qui ne compte aucun prisonnier d’opinion ni détenu politique. Un acquis remarquable qu’il convient de consolider pour en assurer la pérennité.

La Fitna est plus grave que le meurtre et c’est au prix de sang et de larmes que l’Algérie demeure unie et forte, que la République et ses acquis démocratiques sont préservés et que l’espoir est à nouveau permis.

Nul n’a donc le droit de réinstaller, d’une façon ou d’une autre, la peur dans les familles algériennes, inquiètes pour la sécurité de leurs enfants ou de leurs biens ou plus grave encore, l’inquiétude de toute la nation sur l’avenir de l’Algérie, son unité, son indépendance et sa souveraineté nationale.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

Nous sommes aujourd’hui appelés à aller de l’avant dans l’approfondissement du processus démocratique, le renforcement des bases de l’État de droit, la réduction des disparités et l’accélération du développement socioéconomique.

Cette mission ambitieuse et décisive pour l’avenir de notre pays exige l’adhésion de la majorité, la participation de toutes les forces politiques et sociales et la contribution des compétences nationales. Elle requiert aussi un État fort capable d’instaurer une plus grande confiance entre l’administration et les citoyens. Un État reposant sur une administration compétente et crédible et un système judiciaire placé sous la seule autorité de la loi.         Cette mission nécessite surtout que nos instances élues puissent jouir d’une légitimité incontestable.

Après le recouvrement de la paix et de la sécurité, le lancement de programmes de développement ambitieux et la levée de l’État d’urgence, j’ai décidé de parachever cette démarche par un programme de réformes politiques, visant à approfondir le processus démocratique et à permettre aux citoyens de contribuer davantage aux décisions dont dépendent leur avenir et celui de leurs enfants.

Le rôle des différentes assemblées élues est un rôle vital qui sera renforcé car ce sont les élus qui sont en contact direct avec les citoyens et la réalité vécue.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

M’appuyant sur la Constitution, j’userai du droit qu’elle me confère pour demander au parlement de réviser l’ensemble de l’arsenal législatif sur lequel reposent les règles de l’exercice démocratique et le libre choix des citoyens.

Conscient de la responsabilité qui m’incombe, fort de votre soutien et soucieux de préserver l’équilibre des pouvoirs, j’œuvrerai à introduire des amendements législatifs et constitutionnels en vue de renforcer la démocratie représentative dans notre pays.

Il sera procédé à une profonde révision de la loi électorale. Cette révision doit répondre à l’aspiration de nos concitoyens à exercer leur droit électoral dans les meilleures conditions, empreintes de démocratie et de transparence, afin de choisir leurs représentants dans les assemblées élues.

Nous ambitionnons de mettre notre système électoral aux normes les plus modernes des démocraties représentatives consacrées par la Constitution, afin que notre peuple puisse exprimer, en toute souveraineté et en toute clarté, son intime conviction.

A cette fin, tous les partis politiques, qu’ils soient représentés ou non au parlement, seront mis à contribution et consultés en vue d’élaborer le nouveau système électoral.

Une fois cette loi électorale adoptée, toutes les mesures seront prises afin de garantir la transparence et la régularité des scrutins, y compris la supervision des élections par des observateurs internationaux, et ce, en concertation avec tous les partis agréés.

De plus, une loi organique sur les cas d’incompatibilité avec le mandat parlementaire sera introduite en conformité avec la Constitution.

Il appartiendra alors aux partis de s’organiser, de renforcer leurs rangs, d’exprimer leurs opinions et d’activer dans le cadre de la Constitution et de la loi afin de convaincre les citoyens, notamment les plus jeunes, de la pertinence et de l’utilité de leurs programmes.

Cette démarche sera renforcée par la révision de la loi relative aux partis politiques, à travers la révision de leur rôle, de leur mission et de leur organisation, afin qu’ils contribuent plus efficacement au processus de renouveau.

Le dépôt et la promulgation de la loi organique relative à la représentation des femmes au sein des assemblées élues interviendront avant les prochaines échéances électorales.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

Dans le cadre d’une décentralisation plus large et plus efficiente et pour que les citoyens soient mis à contribution dans la prise des décisions qui concernent leur quotidien et leur environnement économique, social et culturel, il importe d’accroître les prérogatives des assemblées locales élues et de les doter des moyens humains et matériels nécessaires à l’exercice de leurs prérogatives. Et c’est à cette même fin que le code de wilaya sera révisé.

Cette démarche portera aussi sur l’élargissement et la définition du domaine, des objectifs et des moyens d’activité et d’organisation du mouvement associatif, en vue de réhabiliter la place des associations dans la société, en tant qu’espaces d’intermédiation et de médiation entre les citoyens et les pouvoirs publics.

En attendant la révision prévue de la loi régissant l’activité des associations, j’appelle les organisations du mouvement associatif à intensifier les initiatives, dans le cadre de leur mission, en s’inscrivant dès à présent dans cette vision.

Le respect des droits de l’homme doit devenir une préoccupation permanente des différentes ligues et associations nationales chargées de cette question. Tous les moyens leur seront garantis afin qu’elles puissent se faire entendre et accomplir leurs missions de manière optimale. Les institutions et les administrations concernées doivent y participer pleinement.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

Pour couronner cet édifice institutionnel visant à renforcer la démocratie, il importe d’introduire les amendements nécessaires à la Constitution du pays.

J’ai exprimé, à maintes reprises, ma volonté de faire réviser la Constitution et j’ai réaffirmé cette conviction et cette volonté à plusieurs occasions.

Ceci passera par la création d’une commission constitutionnelle, à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel. Elle me fera des propositions dont je m’assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l’approbation du parlement ou à vos suffrages par la voie référendaire.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

Je me dois de vous rappeler que les médias lourds, à savoir la Télévision et la Radio, représentent aussi la voix de l’Algérie dans le monde. Ce qui leur impose de contribuer à la consécration de l’identité et de l’unité nationales, et dans le même temps, de propager la culture et le divertissement. Mais ils sont surtout appelés à s’ouvrir aux différents courants de pensée politique, dans le respect des règles d’éthique qui régissent tout débat.

Afin d’élargir cette ouverture aux citoyens, à leurs représentants élus et aux différents partis présents sur la scène nationale, le paysage audiovisuel public sera renforcé par la création de chaînes thématiques spécialisées et ouvertes à toutes les opinions, dans leur diversité.

La loi sur l’information, elle, introduira les repères d’une charte déontologique et complètera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse.

Chères concitoyennes, Chers concitoyens,

Une année seulement nous sépare du rendez-vous des prochaines échéances électorales nationales. C’est une période suffisante pour procéder à la révision, à l’amélioration et au renforcement des bases juridiques de l’exercice démocratique et de l’expression de la volonté populaire, de manière à répondre à vos aspirations à une représentation de qualité au sein des assemblées élues.

J’appelle chaque citoyen et chaque citoyenne d’entre‑vous, quelles que soient vos appartenances, à joindre vos efforts afin que cette nouvelle opportunité soit celle de l’ouverture sur une vie politique pluraliste qui reflète l’esprit et la lettre de la Constitution, et qui permette à chacun et à chacune de participer au renouveau et au progrès de l’État algérien, ainsi qu’au renforcement de ses fondements. Un État pour lequel de nombreux hommes et femmes ont sacrifié leur vie pour s’affranchir du joug colonial et de sortir de l’emprise de l’ignorance et du sous-développement.

Parce que l’État est responsable de la politique de développement, de l’ordre et la sécurité publics dans le pays, je continuerai à veiller pleinement à la réalisation de nos objectifs, en comptant sur la participation des citoyens et en m’appuyant sur les institutions de l’État, conformément aux dispositions de la Constitution et des lois de la République.

Je m’adresse à l’ensemble des citoyennes et des citoyens, que j’invite à apporter leur soutien pour le renouveau de notre pays et la réalisation des ambitions de notre peuple au développement dans un climat de liberté, de paix et d’entraide.

Plus nous sommes unis, plus nous ferons de notre cher pays la patrie du progrès, de la justice et de la fraternité.

Gloire et paix à nos valeureux martyrs. Je vous remercie de votre attention. »

15 avril, 2011 à 22:25 | Commentaires (0) | Permalien


Argent dette

http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news

The film was conceived by Grignon in 2002 as an introduction to a 5-hour video commission for United Financial Consumers. He prefaced his video lecture with a re-telling of The Goldsmith’s Tale in animation form titled Money as Debt. The Goldsmith’s Tale is noted in the film as being « a brief and broadly allegorical history of banking » and should not be viewed as a complete or entirely accurate account of the history of banking. Expanded in 2006, it was Grignon’s first full animation project.[4]

Much of the film presents the filmmaker’s understanding of modern money creation in a fractional-reserve banking system. Other forms of money creation, such as quantitative easing, receive less attention. In the film’s version, new money enters the economy through the indebtedness of borrowers, thus not only obligating the public to the money-issuing private banks but also creating an endless and self-escalating debt that is to eventually outgrow all other forms of wealth generation. The film claims that this ever-increasing gravitation of money to banks is capable of impoverishing any nation. The film finishes by identifying some alternatives to modern banking, such as the nationalization of banks and payment of dividends to the public, establishing local exchange trading systems, or government printing of money

15 avril, 2011 à 13:11 | Commentaires (0) | Permalien


Les Wahhabites au service de l’Empire

Article placé le 15 mar 2011, par Tanguy G.

Les Wahhabites au service de l’Empire dans Politique Internationale Brzezinski-et-Oussama-Ben-Laden

Qu’est-ce que les médias nous montrent, aujourd’hui, quand ils traitent de l’Islam ? Exclusivement des fondamentalistes Wahhabites, où encore de leur émanation « salafiste », dont une mode nouvelle, mais déjà largement répandue, consiste à faire croire que cette tendance à elle seule serait devenue majoritaire dans les banlieues françaises, alors qu’elle est en réalité marginale, et bien souvent inexistante. Le salafisme est surtout un fantasme bien pratique pour modifier la représentation de l’islam chez nos contemporains, de sorte à ce que chaque musulman en France puisse être considéré comme un fanatique en puissance.

Ces tendances minoritaires, la grande majorité des musulmans les tiennes en horreur. Et ils ont pour cela de bonnes raisons :

Les Wahhabites ont tués des descendants du Prophète Muhammad, des Chiites, des Soufis, des tenants des quatre écoles Islamiques qui existent depuis 14 siècles. Ils ont transformé la maison de Khadija – la première épouse du Prophète Muhammad – en toilettes publiques.

Les Wahhabites ont détruit des tombes de Sahabah (Compagnons du Prophète Muhammad) et en ont brûlé les corps. Quand ils ont pris le pouvoir à la Mecque et à Médine ils ont voulu en faire autant avec la tombe du Prophète Muhammad.

Ce ne sont ici que les exemples les plus odieux de leurs crimes, mais qui démontre qu’un musulman sincère ne peut que refuser cette secte abominable.

Les Wahhabites au service de l’Empire

L’Empire et ses alliés n’ont jamais lutté contre les fondamentalistes wahhabites : ils se servent d’eux depuis bien longtemps. Leur priorité est de conserver une emprise sur les réserves d’hydrocarbures du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Depuis la fin des années 70, la stratégie diplomatique et militaire des Etats-Unis impose d’étouffer les mouvances les plus modernistes de l’Islam, désireuses d’échapper à l’impérialisme économique US, et de promouvoir les régimes les plus conservateurs de manière à les rendre dépendant de sociétés américaines.

Depuis que Washington est parvenu à obtenir du Roi Ibn Séoud, le 29 mai 1933, le paradigme de la stratégie « islamo-pétrolière » des USA a été le suivant : « Vous nous laissez appliquer la loi islamique et régner en Arabie Saoudite selon nos valeurs islamiques et nous coopérons économiquement avec vous. »

Qui se préoccupe des droits des femmes ou de la liberté de parole en Arabie Saoudite ? Personne bien sûr, mais par contre on ne se gêne pas pour diaboliser des mouvements modérés comme « Ennahda » en Tunisie, les « Frères Musulmans » en Égypte ou encore la République islamique d’Iran. Partout où ont lieux les « Révolutions Islamiques », les médias font planer le spectre de l’islamisme, alors que le vrai danger serait que ces pays se transforment en « bordel pour occidentaux ».

Eichman et Ben Laden, des agents américains

Engagé dans le parti nazi dès 1932, Adolf Eichmann à fait carrière chez les SS, obtenant le grade de colonel. Il servira au sein du Bureau des Affaires juives et fut en charge de la logistique de la « solution finale ». Capturé après la guerre, il s’évade miraculeusement des prisons américaines, se cache en Europe avant de s’évaporer en Argentine en 1950, avec un faux passeport allemand au nom de Ricardo Klement. Il sera enlevé par des agents du Mossad, les services secrets israéliens, en 1960, jugé l’année suivant et exécuté en 1962. Des sources du renseignement israélien indiquent clairement que la CIA connaissait la planque de Eichmann en Argentine depuis 1953, mais ils ne leur ont jamais communiqué ces informations. La CIA a en fait couvert un bon nombre de criminel nazi dès la fin de la deuxième guerre mondiale.

Dans leurs manuels d’histoire, les élèves des écoles américaines apprennent que les méchants Soviétiques, en 1979, ont envahi l’Afghanistan en faisant preuve d’une force écrasante. Les Etats-Unis se seraient ensuite « portés au secours » de la résistance afghane. En réalité, la CIA a mis sur pied dès 1977 des réseaux de propagande islamiste destinés à infiltrer les mouvements natio-nalistes musulmans en Asie centrale afin de les dégager de l’influence soviétique de l’époque. Ces réseaux furent organisés sous l’autorité du patron du NSC (National Security Council), Zbigniew Brzezinski, qui parvint à convaincre Carter de jouer la carte islamique pour affaiblir l’Union sovié-tique.

Le rôle de Ben Laden et de ses lieutenants était de faire le lien entre les services secrets saoudiens, américains, pakistanais et les combattants. C’est pour cela qu’il a créé Al-Qaeda, qui était la base de données qui faisait le pont entre les différents services et qui répertoriait les noms, fonctions et états de services des moudjahidin. Al-Qaeda n’a jamais été ce nom comme définissant un groupe d’action ou d’organisation. Ça n’a jamais été qu’une base de données, entre les mains de la CIA, de l’ISI et des services secrets saoudiens. Le nom d’Al-Qaeda est apparu pour la première fois dans un rapport du congrès US en 1998. C’est alors devenu un slogan pour désigner une partie des combattants qui avaient servi contre les Soviétiques en Afghanistan.

Je terminerai cet article avec une citation de René Guénon : « C’est une habitude constante de tous les schismes et de toutes les hérésies de quelque ordre que ce soit, de se présenter comme un retour à la pureté des origines. »

Tanguy G., pour Mecanopolis

15 avril, 2011 à 12:55 | Commentaires (0) | Permalien


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